C'est un fait : les parkings informels représentent un sérieux «manque à gagner» pour les communes. C'est un vrai casse-tête pour les pouvoirs publics qui tentent de mettre un peu d'ordre dans une activité en plein boom. «Qu'est-ce qui vous retient d'organiser ces parkings, dont le prix de location à la place varie entre 20 et 50 DA, alors que l'APC ne bénéficie d'aucun avantage ? », martelait l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, à l'adresse des maires à l'occasion d'un séminaire au profit des présidents d'APC (in Liberté du 24 mars 2008). Son successeur, Daho Ould Kablia, a mis un point d'honneur à «éradiquer les parkings sauvages». «Nous allons réfléchir à mettre en place un mécanisme afin de réglementer les parkings sauvages», s'était-il engagé. En 2006, le ministère de l'Intérieur avait «pondu» une circulaire portant «mesures d'encadrement des activités de surveillance des parkings». Cette circulaire prévoyait la création de coopératives de jeunes dédiées aux activités de gardiennage de voitures. Force est de constater que ce mécanisme n'a pas été suivi d'effet. De fait, rares sont les communes qui ont mis en place un dispositif inspiré de ces nouvelles orientations. A Alger, la municipalité de Sidi M'hamed est parmi les communes pilotes qui se sont lancées activement dans la réorganisation de leurs espaces de stationnement. «Nous avons siégé dans la commission qui a conçu la circulaire de 2006 sous l'égide du ministère de l'Intérieur», confie d'emblée Mokhtar Bourouina, P/APC de Sidi M'hamed. «Nous avons procédé à un recensement minutieux des jeunes qui gèrent ces parkings. Nous avons 40 gardiens de parking dans notre commune.» Le maire de Sidi M'hamed indique que le «mécanisme est en marche et dans quelques semaines, le dispositif sera installé», a-t-il promis. Parmi les points d'achoppement qui retardent cette opération, Mokhtar Bourouina cite, en premier chef, l'écueil du casier judiciaire. «Nombre de ces jeunes sont d'anciens repris de justice. Et comme la circulaire prévoit un casier judiciaire vierge, c'est devenu un vrai problème et nous souhaitons que ce point soit allégé. Un jeune qui a commis un délit à l'âge de 15 ou 16 ans se trouve pénalisé toute sa vie alors qu'aujourd'hui, c'est un autre homme. Il faut trouver une solution à cela afin de permettre à ces jeunes de s'organiser en coopératives.» Un statut pour les gardiens de parking S'il admet que sa commune ne perçoit toujours pas la moindre recette de cette activité, Mokhtar Bourouina est confiant quant aux fruits de son dispositif. «Nous avons bien avancé dans ce dossier. Nous avons fait une délibération pour fixer le prix du ticket. Nous avons préparé également les gilets, les casquettes, les brassards, tout.» Pour lui, c'est une manière de donner aux gardiens de parking un statut social et de leur rendre leur dignité. «Cette activité brasse beaucoup d'argent et il est important que la commune y trouve son compte. C'est une forme de réinsertion sociale, mais il faut rentabiliser ces espaces. C'est aussi une couverture sociale pour ces jeunes qui ne sont pas assurés», plaide-t-il. Comme nous le disions, les communes qui ont réussi à mettre en place un plan efficace pour réorganiser leurs trottoirs se comptent sur les doigts d'un seule main. Ainsi, à la commune de Belouizdad, les parkings réglementés sont tout simplement inexistants, comme le confirme le P/APC, M'hamed Aggoun : «Nous n'avons pas de parkings réglementés au niveau de la commune de Belouizdad. Ce que nous avons trouvé à notre venue, c'étaient des parkings aménagés après la démolition d'un certain nombre d'immeubles, suite au séisme de 2003. Pour moi, il s'agit de parkings sauvages puisque il n'y a pas de cadre juridique qui régit ces espaces.» Un flou juridique entoure, en effet, le statut des assiettes de terrain qui se sont dégagées après l'effondrement de ces bâtisses, souligne le maire. «On ne sait pas si à la base il s'agit de biens privés ou de biens de l'Etat. Le notaire ne peut pas établir de contrat de location de ces terrains. C'est dommage, parce que c'est un manque à gagner pour la commune. Nous essayons néanmoins de trouver une solution réglementaire à ces parkings.» M. Aggoun indique, dans la foulée, que le nombre de ces niches transformées en parkings s'élève à 15 en ajoutant que sa circonscription compte 100 bâtisses vétustes qui menacent ruine. Il regrette que la commune de Belouizdad ne dispose pas d'un grand parking aux normes. «Pourtant, notre commune est en train de devenir le cœur battant de la capitale. Nous avons le nouveau siège de la cour d'Alger, l'annexe de l'APN. D'autres infrastructures vont arriver. On a donc besoin d'un grand parking, mais on bute sur un problème d'assiette. Tant que la situation des assiettes dégagées n'est pas assainie, tout est bloqué.»