-Globalement, quel a été l'impact du Printemps arabe sur le secteur du tourisme en Méditerranée ? L'impact direct des révolutions arabes en 2011 provoque une perte de 13,6 millions d'arrivées cumulées sur les rives sud et est, en Tunisie, Libye, Egypte, Palestine, Jordanie et Syrie, partiellement compensées par les augmentations constatées sur quelques marchés.Les résultats sont attendus positifs au Maroc (+8%), en Israël (+3%) et en Turquie (+16%). La côte est enregistre une diminution de ses arrivées internationales en 2011 de - 10% ; la côte sud de -15%. Les pays européens méditerranéens enregistrent une forte progression estimée à 13,3 millions d'arrivées supplémentaires, soit + 6,5%. Une partie de ces nouvelles arrivées est une récupération des départs en vacances des Européens qui ont préféré passer leurs vacances sur les rives européennes de la Méditerranée plutôt que sur ses rives sud et est. Une autre partie est constituée par un afflux plus important de pays émetteurs de tourisme situés hors Europe. Ceci étant, les résultats du quatrième trimestre n'étant pas connus, ces estimations sont à prendre avec prudence. -Le tourisme est-il une source de revenus importante pour ces pays ? Le tourisme en Méditerranée représentait en 2010 un PIB (direct et indirect, formation de capital fixe compris) de 1000 milliards de US$ (770 milliards de dinars€). 69% de ce PIB est réalisé par les pays méditerranéens membres de l'Union européenne et 31% par les autres destinations réparties entre les Balkans, et les rives est et sud. Le nombre d'emplois directs et indirects est estimé à 20 millions sur l'ensemble des marchés. Le tourisme est donc partout la première, ou l'une des toutes premières, industrie dans tous les marchés méditerranéens, au Nord comme au Sud. -L'instabilité est toujours de mise dans certains pays touchés par les révolutions. Quand, à votre avis, pourra-t-on espérer la reprise ? Le tourisme ne crée pas la paix, mais il ne peut s'installer que dans des pays en paix. Il est tellement important, pour tous les pays méditerranéens, au Nord comme au Sud, que les freins à son déploiement soient progressivement contrés. Les discours actuels des nouveaux dirigeants égyptiens et tunisiens vont dans ce sens, celui de rassurer les marchés pour préparer la saison 2012. L'activité touristique a mainte fois fait la preuve d'une «résilience». A chaque crise importante : 2001, SARS, H1N1, l'activité redémarre à la fin de la crise, non pas pour se retrouver au niveau de la progression qui était le sien, mais bien à la place qu'elle aurait eue si la crise, cause de sa baisse, n'avait jamais eu lieu. Déjà, la suppression des visas entre l'Egypte et le Maroc est d'actualité, car les Marocains sont nombreux à passer les fêtes de fin d'année sur le Nil et sur les rivages de la mer Rouge. Le Liban et la Turquie reçoivent une part croissante de leurs tourismes depuis les pays du Golfe. Il paraît évident que la fin des combats en Syrie verra tout de suite revenir un tourisme florissant. Ce marché est passé de 4 millions à 8,5 millions d'arrivées touristiques internationales entre 2007 et 2010 (3 ans), il peut retrouver le même nombre d'arrivées au cours de l'année qui suivra la fin des combats. Cette fin des combats libérera le tourisme en Jordanie, cette année injustement contraint par la violence de son voisinage. Le tourisme palestinien parie sur une bonne fin d'année, malgré les tensions existantes et persistantes dans cette partie de la Méditerranée. L'ouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie verrait immédiatement l'afflux de touristes entre les deux pays. La Libye, si elle décide d'investir dans le tourisme, pourrait devenir un géant dans la Méditerranée, en quelques années seulement. Notre association avait estimé le tourisme arabe à plus de 10 millions de départs internationaux il y a cinq ans. Il est probable que l'apaisement attendu en 2012 multiplie ces départs arabes pour toutes les destinations touristiques dans le monde, y compris celles de la Méditerranée.