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«Le tourisme saharien n'est pas l'avenir du tourisme algérien»
Mourad Kezzar. Consultant en tourisme et hôtellerie
Publié dans El Watan le 26 - 12 - 2011

-La destination Algérie est boudée par les touristes étrangers. Le pays est au bas des classements des organisations internationales. Comment expliquez-vous cette situation ?
L'Algérie n'est pas boudée d'une façon irréversible par les touristes étrangers. Chaque fois qu'il y a une dynamique qui s'amorce, on l'ignore ou, pire, on fait tout pour la stopper et souvent inconsciemment. Après la douloureuse décennie 1990, et dès 2001, on a commencé à voir revenir dans nos villes, nos oasis et notre désert les touristes étrangers dans un mouvement de reprise menée, essentiellement, par les anciens Français d'Algérie qu'on appelle les pieds-noirs. Je connais des agences de voyages réceptives algériennes qui étaient contraintes de refuser des réservations tellement la demande était importante par rapport aux moyens de prise en charge et aux capacités d'accueil. Chaque pied-noir, de retour chez lui, incitait directement ou indirectement d'autres pieds-noirs et même des personnes sans aucune attache historique avec l'Algérie à venir.
En 2006, j'ai comptabilisé 5 touristes «sans attaches sentimentales» à l'Algérie ramenés par la bonne image véhiculée par un seul pied-noir de retour en France après un séjour de ressourcement. L'élan était si grand que j'ai assisté même à des groupes de femmes espagnoles et allemandes venir seules sillonner notre beau pays. Au lieu d'accompagner cette dynamique, on a commis une série de fautes les unes professionnelles, les autres politiques.
-Qu'est-ce qui a cassé cette dynamique ?
Professionnellement, on a ignoré cette dynamique, on a tourné le dos à ces clients qui étaient là, et on est allés chercher une clientèle virtuelle dans les pays émergents et les nouveaux marchés émetteurs tels que la Chine ou la Russie, comme si on avait déjà puisé à satiété dans les marchés traditionnels. Une perte de temps, d'efforts et de deniers publics pour rien.
Alors que la demande était sur le tourisme culturel, et malgré les avertissements de plusieurs experts, on a continué et on continue à ce jour de penser que l'avenir du tourisme algérien est dans son Sahara. C'est comme si le syndrome de la rente pétrolière a fini par polluer nos penseurs de la chose touristique. Ainsi, au lieu de prendre acte de la demande réelle, on a croisé les bras en attendant qu'un jour Air Algérie, dont les investissements sont financés par le contribuable et la rente pétrolière, vende à perte les sièges sur les lignes du Sud.
A ce jour, aucune procédure de facilitation en direction des agences de voyages réceptives n'est opérationnelle. Cela va de la procédure sécuritaire, en passant par le transfert des recettes en devises, en allant vers les taxes. A titre d'exemple, savez-vous que dans tous les pays ou associations de pays, l'activité réceptive qui consiste à ramener les touristes étranges et les devises est exonérée de la TVA, sauf en Algérie ? En Algérie, par le jeu de la LFC 2009, l'activité réceptive est exonérée de la TAP. Celle-ci est de 2%. Mais elle est assujettie à la TVA de 7%. Où est l'incitation ici ? Mieux, en ramenant des touristes étrangers, l'agence de voyages est obligée de déclarer la totalité de son activité et payer fort la TVA et autres taxes sur les bénéfices. Si, par contre, elle envoie des Algériens en Grèce ou en Turquie, elle peut le faire au noir, car ce ne sont pas les hôteliers de ces pays qui vont répercuter les factures au fisc algérien. Dans ces conditions, quel est l'intérêt d'une agence de voyages à faire du réceptif ? Or, ce qui ramène les touristes en Algérie ce n'est ni le ministère ni l'ONT, mais bien les agences de voyages.
-L'Algérie accuse un énorme retard en matière d'infrastructures touristiques et celles existantes répondent rarement aux normes. Quelles sont les raisons de ce désinvestissement ?
L'Algérie a lancé dans les années 1970 d'importants investissements pour développer le réceptif, selon les données de l'époque. Début des années 1980, une fois les infrastructures hôtelières livrées, elles seront vite orientées, par populisme du temps du défunt PAP, vers le tourisme de masses avec une gestion administrative de la chose touristique, comme d'ailleurs tous les secteurs économiques.Le secteur privé, libéré grâce aux textes sur l'investissement de 1982 commençait à s'intéresser timidement au tourisme, quand la crise des années 1990 s'est pointée pour casser l'élan.
L'investissement hôtelier est lourd. Les fonds engagés ne sont amortis que sur des dizaines d'années avec des rénovations presque toutes les cinq années, donc, il est difficile de trouver des investisseurs qui s'engagent dans une conjoncture d'instabilité.
Notre pays, dès 1986, n'a pas cessé de traverser des zones de turbulence qui, conjuguées à l'absence d'une politique touristique lisible, offraient un environnement non favorable à l'investissement dans le secteur. A partir du début des années 2000, les investissements dans le secteur hôtelier sont de retour avec une très forte concentration dans l'hôtellerie urbaine et d'affaires. Ce qui est normal, car la demande est là et les investisseurs ne font que la suivre pour assurer une certaine sécurité aux fonds engagés et tirer le maximum de profits.
Le défi des pouvoirs publics pour les années à venir est de réguler le marché en incitant les investisseurs à s'engager dans l'hôtellerie située entre le haut de gamme et l'hôtellerie de préfecture. Celle est à la fois de qualité et accessible aux touristes vacanciers.
-Qu'en est-il du déficit en matière de capacités d'accueil ?
Nous devons arrêter de raisonner la veille de 2012 sur la base des statistiques des années 1980. Aujourd'hui, ce n'est que dans l'imaginaire de certains que les hôtels de la côte algérienne sont complets les trois mois d'été. La réalité tout est autre. Tellement qu'il y a mévente sur le marché du balnéaire algérien, une grande partie des hôtels et complexes recourt à des pratiques qui peuvent devenir, demain, une industrie du tourisme sexuel que nous devons condamner avec force.
Les événements qui ont secoué certaines régions côtières du pays la veille et le lendemain de la dernière saison estivale invitent les politiques et les professionnels à se pencher sérieusement sur le sujet. Au risque de ne pas plaire à certaines personnes qui confondent libertés individuelles et gestion, fermer certains bars et certains hôtels peut s'avérer un acte salvateur pour notre tourisme et non une atteinte aux libertés. Il ne faut pas faire dans le mélange des genres.
Quand des hôtels balnéaires réalisent plus de 50% de leurs chiffres d'affaires durant le mois de juin avec des ventes de boissons alcoolisées, ou quand ces mêmes hôtels louent, et à l'année, plus de 30% de leurs capacités d'accueil à des filles, on ne peut pas parler de déficit dans ce type d'hôtellerie. Plutôt, il y a mévente. Or, pour des raisons objectives, ces deux «produits palliatifs», si j'ose dire, sont à court terme très rentables avec une clientèle jamais regardante sur la qualité de la prestation hôtelière. Du coup, les hôtels qui recourent à ces pratiques condamnables sont à la fois rentables et dans de piteux états qu'aucun touriste n'acceptera de fréquenter. C'est aussi cela le drame de notre hôtellerie de moyenne gamme censée recevoir des touristes vacanciers. Donc, je suis d'accord avec vous pour dire qu'il y a un problème de déficit en lits, mais il y a aussi un problème de management et de régulation.
-L'Algérie focalise essentiellement sur le tourisme saharien…
Le tourisme saharien est un marché de niche. C'est à dire, un produit qui se caractérise, entre autres, par une clientèle limitée dans le nombre. Aujourd'hui, tout le monde parle tourisme sans maîtriser les concepts de base. A mon sens, le tourisme saharien n'est pas l'avenir du tourisme algérien. Il est l'un des produits que l'on peut développer par ce qu'il y a une demande. Il peut être un facteur de développement régional, mais pas de l'économie touristique d'un pays. Dire le contraire est du populisme.
Pour des raisons climatiques, dans notre Sahara, dans le meilleur des cas, on ne peut faire le plein que durant 6 mois de l'année.
Je pense sincèrement que si l'on arrive à recevoir, à court terme, 8000 touristes étrangers par an dans le Sud et à bien gérer leurs forfaits, c'est déjà une bonne chose. Pour le reste, ce n'est qu'inflation de discours plus que de chiffres.


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