Jusqu'à la mi-décembre, les eaux usées étaient simplement stockées dans une lagune située à proximité de la ville. Un bas de fer inégal empoisonne les relations entre le maire de Stidia et une partie de la population et, ce, depuis qu'un entrepreneur a entamé des travaux en vue de faire déverser les eaux usées de la ville dans la mer. Car, jusqu'à la mi-décembre, les eaux usées étaient simplement stockées dans une lagune située à proximité de la ville. Prétextant l'augmentation attendue du niveau des eaux usées, la mairie prend alors la décision de confier la construction en urgence d'un déversoir vers la mer provoquant la réaction forte et solidaire des marins pêcheurs et des riverains qui ont vu débarquer de gros camions chargés de demi-buses. Interpellant les autorités, le groupe, soutenu par une bonne partie de la population, crie alors au désastre écologique de la bande côtière. Face à cette mobilisation, les initiateurs du projet reculent pour mieux sauter. Au lieu de faire déboucher l'égout directement sur l'abri-pêche naturel, ils prennent l'initiative de l'en éloigner d'environ 500 m; la mise en place d'une piste en tuf longeant la plage est vite consommée et les poids lourds peuvent aisément l'emprunter pour aller déposer la cargaison de demi-buses sur le lieu. Le peu de sable qui faisait office de plage est alors enseveli sous une épaisse couche de tuf, au grand désespoir des écolos et des 30 familles de pêcheurs qui ne savent plus où donner de la tête. Alertées, les autorités tentent de faire diversion, mais le chantier n'en continue pas moins d'avancer inexorablement. Les citoyens, qui maintiennent la pression, dénoncent la soudaineté de l'opération, parlant de non-respect des procédures. Prises apparemment de court, les directions du tourisme et de l'environnement éprouvent de la peine à prendre des décisions et laissent faire. Pourtant, comme le souligne un habitant de Stidia, l'infraction sur la protection du littoral est flagrante, ajoutant avec force que la pollution de la mer l'est encore davantage puisque les eaux nauséabondes et chargées seront directement déversées dans la mer. Une succession de maladresses Membre actif du comité de vigilance, le docteur Allel, ancien cadre de l'ORAVIO, est formel. Pour lui, cette opération est plus que douteuse car elle ne respecte ni les procédures ni les lois et règlements du pays. C'est pourquoi, avec ses compagnons, ils décident de saisir directement le ministre de l'Environnement qui délègue une inspection sur place. Mise dans l'embarras, la direction du tourisme éprouve de la peine à prendre une décision franche et tranchée. Pourtant, c'est toute la plage de Stidia qui est totalement défigurée par le chantier. De son côté, la direction de l'environnement tergiverse et peine à trouver une posture équitable. Très curieusement, c'est la direction de l'hydraulique qui monte au créneau et qui tente de soutenir, bien maladroitement, le projet. Certains se demandent même en quoi la direction de l'hydraulique serait concernée par la gestion des eaux usées. Entretemps, le mal est bel et bien consommé ! La plage de Stidia et bientôt la mer qui lui fait face seront à jamais défigurées par cette affaire dont la genèse semble commencer par l'interdiction de l'exploitation par des agriculteurs des eaux de la lagune. En effet, peu avant la dernière saison estivale, la direction de la santé annonce, lors du défunt forum de la wilaya, que pas moins de 23 puits alimentant les maraîchers de la région ont été fermés par crainte de contamination des légumes par l'eau de la lagune. Sans avoir jamais été prouvée, cette contamination est mise en avant pour justifier l'arrêt de l'agriculture irriguée qui faisait la fortune de la région, plaçant Stidia parmi les places fortes de la culture maraîchère nationale. L'opération, habillée du sceau de la lutte contre les MTH, s'est traduite par l'arrêt d'une trentaine de puits que des fellahs studieux avaient creusés afin de drainer les eaux de la lagune. L'arrêt de ce pompage allait inexorablement entraîner une accumulation des eaux usées de la lagune. Six mois après, on se rend compte que, finalement, sans avoir jamais contaminé quiconque, les petits maraîchers de Stidia s'étaient rendus fort utiles.