C'est avec un grand soulagement que la population de la daïra de Beni Douala a appris, avant-hier, l'élimination du chef terroriste Si Mohand Ouramdhane, alias Moh El Khechkhache, abattu par les éléments des forces spéciales de l'ANP, près d'Ihesnaouène, à 5 km de Tizi Ouzou. Né le 5 janvier 1985 à Ath Aïssi, ce redoutable émir de la seriat Takhoukhth n'avait rien qui le prédestinait à devenir le terroriste dangereux, aux yeux des gens de sa commune natale. Le sanguinaire, qui a rejoint le maquis en 2003, avait semé la terreur dans plusieurs localités de Tizi Ouzou ; mais la plupart de ses actes ont été enregistrés dans la commune de Beni Aïssi. Les gens qui l'ont connu n'imaginaient pas, en tout cas, de par son allure, qu'il était capable de tuer, kidnapper et racketter de paisibles villageois qui sont, du reste, les siens. Hier encore, la nouvelle de la neutralisation d'El Khechkhache était toujours sur les lèvres des citoyens de cette localité avec lesquels nous nous sommes entretenus. «Il n'a épargné personne, que ce soient les éléments des services de sécurité ou les paisibles citoyens. Nous avons vécu la psychose jusqu'ici. On ne pouvait même pas se rendre la nuit à une veillée funèbre. Des familles qui ont quitté la région craignaient de tomber dans un faux barrage dressé par le groupe terroriste qu'il dirigeait», nous confie un citoyen d'Ath Aïssi. «J'ai senti un soulagement chez les habitants de Beni Douala, notamment ceux de sa commune natale, Ath Aïssi. Maintenant, on peut prétendre au retour du calme et de la sérénité», dit d'emblée un citoyen d'Ath Aïssi. Et d'ajouter : «Dommage, on aurait bien aimé qu'il soit capturé vivant, car il aurait été plus utile aux services de sécurité quant au mouvements du reste du groupe.» Un autre habitant de Beni Douala, fonctionnaire, a affirmé que «tous les ex-otages de kidnapping l'ont reconnu. Tous le monde sait, ici, que c'était lui qui était derrière les rapts perpétrés sur la route de Tala Bounane, reliant Tizi Ouzou à Ath Aïssi». Pour un autre villageois, «sa mise hors d'état de nuire permettra à l'économie locale de bouger un peu ! Il rackettait même de petits artisans, les propriétaires d'ateliers et les commerçants qui étaient obligés, sous la menace des armes, de payer une dîme». Pour se faire une idée de la violence des actes criminels qu'El Khechkhache avait planifiés, rappelons les deux attentats kamikazes qui ont ébranlé la ville d'Ath Aïssi : l'un d'eux a été perpétré contre la brigade de gendarmerie, au chef-lieu communal en juillet 2010. Bilan : un mort, un gardien du siège de l'APC, et 8 blessés. En août 2009, le siège de la garde communale est attaqué, un blessé. Août 2011. Un mois après, le chef de la même brigade a échappé à un attentat alors qu'il se rendait à son travail. Le véhicule banalisé d'une patrouille de police tombe dans une embuscade sur la route de Tala Bounane. Les échanges de coups de feu font alors deux morts ; un policier et un civil. Sur le même axe routier, l'ex-émir a fait acte, à plusieurs reprises, d'enlèvements contre le versement de fortes rançons.