Radouane Amira fait partie d'une génération de musiciens qui voue à l'art musical une dévotion qui flirte avec l'adoration. La vie de ce musicien, qui utilise pratiquement tous les instruments et qui s'est pris de passion pour l'accordéon, est faite de légendes, de tics qui traînent autour de sa silhouette agile, surtout de discrétion dans sa vie d'artiste et même dans son approche de la musique et de l'animation musicale. La quarantaine depuis longtemps entamée, Radouane Amira a, tout de même, cultivé sur scène le goût pour l'impertinence mâtinée de tendresse et le sens de la désinvolture manifeste, mais voilée de nostalgie. C'est en quelque sorte sa griffe à lui. Celle-là même que l'on retrouve avec précision et séduction dans les soirées, les galas, les fêtes et les commémorations qu'il anime souvent au rythme du clavier de son accordéon, parfois au piano tout en restant fidèle au synthétiseur. La valse, sa muse et musique Dans les souvenirs qu'il a amassés alors qu'il était encore en culotte courte, un bambin d'un des quartiers populaires de Annaba sa ville natale, se croisent pêle-mêle de grands noms de la musique classique comme Jean-Sébastien Bach, des œuvres duquel il s'inspire pour oser travailler sur des préludes. Radouane est un des fidèles fans des chanteurs poètes à l'image de Jacques Brel et de Joe Dassin. L'accordéon en bandoulière ou en action, ses yeux, sa démarche, ses paroles, ses réactions ne sont que musique, rythme, amour et passion pour les notes musicales. Ses longs doigts n'arrêtent pas de pianoter sur le volant du véhicule d'utilité dont il a la conduite dans une agence de tourisme où il est salarié. La moindre discussion sur la musique l'enflamme. Elle lui fait revivre les meilleurs moments de sa vie. Le temps où il jouait avec ses instruments préférés des airs au Piano Bar de l'hôtel Seybouse International Annaba, la Potinière, l'Amadeus, le Zénith. Aujourd'hui, celui que l'on qualifie de maître de l'accordéon en Algérie tente de mettre fin à l'anonymat. Sous ses doigts agiles, tout passe sans intermède du tango, de la valse jusqu'aux Musettes de Jean-Sébastien Bach. Son efficacité dans le style musical qu'il sait choisir en fonction de l'événement à fêter ou à commémorer, est outrageusement classique. Parce que Radouane, le maître de l'accordéon comme on aime à le qualifier partout où il passe, sait se jouer de la vie, des âges, des sexes et des générations. Sur scène, rien ne l'impressionne du moment qu'il est collé à son accordéon. C'est de cet instrument que sont nés ses véritables émois. Sa renommée d'accordéoniste a dépassé nos frontières grâce à ses nombreuses prestations dans les chancelleries diplomatiques où il est toujours invité pour animer les bals, réceptions et soirées commémoratives. Ses cheveux grisonnants donnent à son visage barré d'une fine moustache à la d'Artagnan, un air de jovialité de tout instant. Il ne rate pas une occasion pour se faire accompagner de son fils Badreddine « Patou ». Tout autant que son géniteur, « Patou » est un véritable maestro de l'accordéon. La musique ne fait pas vivre son homme dans notre pays, affirment à l'unanimité les artistes algériens. C'est ce que confirme Radouane Amira lorsqu'il déclare : « Sans couverture sociale, les artistes algériens sont souvent arnaqués par ceux qui les emploient. Etre artiste dans notre pays n'est pas une sinécure. Les véritables artistes sont voués à l'anonymat alors que les médiocres sont épaulés et encouragés. D'où la nécessité de créer un syndicat national des artistes qui aura, entre autres missions, le devoir de réhabiliter la profession et d'éviter à l'artiste d'être traité comme un esclave ».