Le barrage Hammam Grouz dont la capacité théorique est de 45 000 000 m3 et qui emmagasine à présent, à peine, entre 15 000 000 à 17 000 000 m3, sans parler du volume mort qui dépasse les 3 000 000 m3, serait-il devenu un réceptacle de toutes les eaux usées de son bassin versant ? Ce stratégique ouvrage hydraulique destiné à l'AEP de Oued Athmenia, Aïn S'mara et Constantine, ne serait-il qu'un géant aux pieds d'argile face aux négligences et à l'insouciance humaines ? Les stations de relevage (SR) n°1 et 2, sises à mechta Mezdoura et à proximité de l'école de Bir Hachem (à l'est de Chelghoum Laïd) et devant refouler les eaux usées vers la station d'épuration (Step) de Oued Athmenia sur une longueur de 16 km, sont quasiment à l'arrêt pendant de très longs mois. D'où le débordement, en temps sec, d'un volume de 50 à 60% des eaux usées de la ville de Chelghoum Laïd vers le barrage, a-t-on constaté de visu. Le débit donc des eaux usées déversées quotidiennement dans le lac du barrage depuis plus de trois mois est estimé entre 2500 m3/j et 3500 m3/j, selon des sources dignes de foi. La contamination effrénée du barrage Hammam Grouz, quand bien même seules des analyses ponctuelles permettent de déterminer le taux réel de sa pollution, est due au fait qu'une seule pompe sur les 7 existantes par station de relevage est en état de fonctionnement. L'apparition du phénomène d'eutrophisation (prolifération de la végétation aquatique) et la récente découverte de reliquats de volaille morte (en état de décomposition) au niveau du dégrilleur-dessableur (ouvrage de prétraitement) en sont une illustration édifiante du laisser-aller et du laxisme des responsables. La constatation de la commission communale de l'hygiène (PV n°155/06 du 28 janvier 06) dont une copie a été remise à El Watan, confirme la défaillance avancée des équipements au niveau des deux stations de relevage et le sauvage déversement des eaux usées dans la cuve du barrage. En dépit de nos maintes sollicitations pour de plus amples informations, la direction de l'hydraulique est restée injoignable, faisant le black-out sur la question qui semble déranger bien des consciences. D'où la lancinante interrogation : que faisaient depuis lors les tenants de la décision ? L'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH), seul organisme habilité à intervenir dans les cas de pollution, a-t-elle été saisie par les services concernés de l'hydraulique et de l'ANB au sujet de cette dérive qui ne dit pas son nom ? Que faisait la police des eaux et à quoi sert au juste la commission des maladies à transmission hydriques (MTH) de la daïra face à cette mascarade, surtout que les raccordements illicites de poulaillers au réseau des eaux usées sont devenus légion dans la périphérie de Oued Rhumel ? Vraiment curieux que nos « illuminés » responsables se découvrent tout d'un coup des vertus de rédempteurs de torts et sortent enfin de leur léthargie pour parer au plus pressé. La direction régionale de l'Office national de l'assainissement (ONA) de Constantine, destinataire du PV de constat mentionné ci-dessus, est-elle au courant de ces négligences impardonnables ? Mauvaise gestion, manque de prise en charge ou absence de suivi et d'entretien, cela change-t-il grand-chose à la gravité du problème, dès lors que tout le monde se confine dans un mutisme tant coupable que complice ? A moins que certains illustres responsables n'agissent que lorsque surviennent des tragédies en vies humaines !