Le volume des eaux du barrage Hammam Grouz de Oued Athmenia, dans la wilaya de Mila, d'une capacité théorique de 45 millions de m3, a sensiblement baissé, passant en une semaine, de 600 000 à 173 000 m3. L'étude du projet en question, confiée en 1981 aux Anglais Bennie & Partener, aura montré toutes ses limites. La décadence de l'ouvrage, dès l'année 2003, avec les énormes fuites d'eau relevées sur les parois du rocher au relief karstique, et contre lesquelles les tentatives de colmatage par l'implantation de piliers et l'injection de béton se sont avérées vaines, en est l'illustration. Se basant sur un bulletin du 4 juillet dernier, Mouloud Ouchérif, chef d'exploitation du barrage Hammam Grouz, affirme qu'à cette date, la superficie immergeable est de 4,5 ha sur les 481,5 ha. En 2003 et 2005, le barrage atteignait son top remplissage, soit 40 millions de m3. Des pêcheurs amateurs ramenaient du barrage d'Aïn Zada, dans la wilaya de Sétif, des espèces de carpe royale et de carpe commune, qu'ils lâchaient dans la cuvette du barrage Hammam Grouz, vers les années 1990. De l'avis de spécialistes, une carpe de 10 kg produit jusqu'à 1,5 millions d'œufs, soit de quoi peupler tout un barrage. Paradoxalement, c'est cette faune aquatique même qui a failli, à la faveur du rétrécissement effréné du volume des eaux, être à l'origine d'une catastrophe écologique, n'était-ce la célérité des responsables de l'agence nationale des barrages et transferts (ANBT) de Oued Athmenia, qui étaient les premiers à tirer la sonnette d'alarme. Face au péril de la propagation de bactéries sous l'effet de la putréfaction qu'aurait provoquée le massacre de centaines de carpes, une équipe du centre national d'études et de documentation pour la pêche et l'aquaculture (CNDPA), est envoyée sur place à l'initiative du ministère de la pêche et des ressources halieutiques (MPRH), pour l'établissement d'un constat et la mise au point d'une procédure écartant le spectre du désastre écologique. En l'absence de concessionnaires dans le créneau de la pêche dans le région, des pêcheurs amateurs et professionnels de wilayas limitrophes (Jijel et Sétif) et des braconniers, ont été appelés à la rescousse pour le déclenchement en urgence, le 27 juin dernier, d'une véritable opération « course contre la montre »pour l'extraction de la faune existante dans le barrage. Ahmed Bendjeddou, chef de la station de pêche et de l'aquaculture de Mila, rassure que « l'initiative s'est soldée par la récupération de centaines de géniteurs, et une quantité totale avoisinant les 8 tonnes de carpes que nous avons utilisée pour l'ensemencement, en présence des représentants de l'inspection vétérinaire de la DSA, des plans d'eau de la wilaya ». De son côté, le directeur régional Est des barrages en exploitation, Tayeb Bouamama, souligne : « Vu le débit de fuite hallucinant qui dépasse les 200 l/s, le lac du barrage sera complètement à sec vers la mi-juillet », avant de nuancer son propos, en précisant que « l'incidence sera infime quant à l'alimentation initiale de la ville de Aïn Smara et du quartier Boussouf de Constantine, dans la mesure où l'ADE a mis en œuvre des solutions palliatives, et qu'une diguette a été érigée en aval du barrage pour la récupération des fuites d'eau et leur traitement au niveau de la station de Oued Athmenia ».