Déviés de leur mission initiale, des monuments historiques, cultuels et culturels font office de bureaux pour des établissements publics. Les opérations de restauration des monuments historiques lancées par le ministère de la Culture n'ont pas eu l'effet escompté. Les travaux sont toujours à l'arrêt dans certains monuments abandonnés ou occupés par des administrations et établissements publics ou encore des particuliers. Les élus de l'APW d'Alger qui ont examiné lors de leur dernière session un dossier lié aux sites archéologiques, ont fait un constat guère reluisant pour le département de Mme Khalida Toumi et ses différentes administrations de la wilaya d'Alger. Les monuments historiques visités par les membres de l'APW tombent en ruine, assurent en chœur les membres de l'APW, étonnés par «le niveau de dégradation important d'un patrimoine qui a connu des travaux d'urgence qui ont été interrompus». Les élus citent dans leur rapport, dont nous détenons une copie, des exemples de monuments qui ont connu des «travaux de confortement sans importance». «Des sites accueillent des établissements du secteur de la culture et de la santé, alors que d'autres sont toujours squattés par des familles, comme le palais de Hassen Kheznadji, trésorier du dey. Mais le cas le plus flagrant est le fort turc de Bordj El Kiffan, encerclé par les bidonvilles et le marché informel», peut-on lire dans le document lu à l'assemblée. Le domaine Djenane-Mahieddine, qui surplombe la salle Harcha, a retenu l'attention des élus qui y ont fait une halte. «La villa Mahieddine, construite à l'époque turque (XVIIIe siècle), a été un de centre de torture du temps de la France avant d'héberger des jeunes en difficulté, et, plus tard, des sans-abri. La villa n'a connu, suite à la visite du chef du gouvernement et de la ministre de la Culture en 2004, que des travaux insignifiants. L'opération de réhabilitation est toujours à l'arrêt. L'autre maison de campagne (Diar el Fahs) qui tombe en décrépitude est Djenane Lakhdar, où les travaux de réhabilitation ont vite été abandonnés. Ce lieu a été à l'indépendance la résidence des hôtes de la Présidence», signalent des élus lors de la séance organisée en décembre dernier dans la salle de l'ex-CPVA. Enveloppes colossales ! Les élus s'étonnent que des enveloppes conséquentes, dégagées depuis plusieurs exercices, ne «servent plus à rien». «Des sommes colossales ont été consacrées à ces opérations lancées tambour battant. Mais, nous constatons que des édifices qui devaient être vite classés risquent de disparaître. Certains palais et mosquées, comme Ali Betchine, ont certes été restaurés avec les moyens du bord. La Citadelle, palais des derniers deys de la Régence, a vu l'arrivée de plusieurs bureaux d'études, mais n'est toujours pas complètement réhabilité. Les travaux de confortement de la mosquée Ketchaoua, dans la La Basse Casbah, fermée aux fidèles depuis trois ans, ne sont pas toujours lancés. Le problème serait lié au retard dans la livraison d'un lot d'échafaudages. Une entreprise italienne aurait été retenue pour prendre en charge ce problème. Mais, entre-temps, le risque qui pèse sur les piétons est important. Un architecte de la direction de la culture d'Alger a parlé, en 2008 déjà, d'une érosion au niveau des éléments des balustres et du déplacement des blocs de la partie haute du minaret droit. Ce constat est toujours le même et le risque est réel», constate un élu de l'assemblée. La directrice de la culture, Mme Badia Sator, sollicitée par nos soins, a répondu laconiquement à nos questions. «C'est un rapport fait par les élus, nous avons fait le nôtre. Il faut voir avec les élus», s'est-elle contentée de nous dire. Les élus de l'APW réclament la relance des travaux de conformément d'urgence et la récupération des sites historiques, occupés par des administrations publiques comme celle de la Culture.