Il est âgé d'à peine 23 ans et a du talent à en revendre dans la haute couture féminine. Rencontre avec cet artiste hors pair. Etudiant en troisième année en design aménagement à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, Amor Guellil est avant tout un jeune homme à la riche culture et au verbe châtié. Tous ceux qui l'approchent pensent, a priori, qu'il est mannequin de profession de par sa stature et son élégance. Mais on se trompe, car quand on discute avec ce talentueux jeune, il se plaît à répéter que le design et la haute couture sont complémentaires. Amor Guellil s'est fait connaître, l'année dernière, lors de son premier défilé de mode consacré à une collection entièrement dédiée à l'environnement et à l'énergie renouvelable. La collection était constituée de treize tenues, rehaussées de petits cristaux et de miroirs. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Amor affirme qu'il a toujours eu une passion pour la mode et l'aménagement. Il a toujours rêvé de faire une carrière dans la mode. Assurément, quand on naît artiste, on peut aisément conjuguer ces deux disciplines à merveille. Ce jeune styliste confie qu'il s'est imprégné du concept du couturier français Christian Lacroix qui a su concilier l'aménagement d'un hôtel pour la Fashion Week de Paris. Ce dernier a admirablement réussi à mettre en symbiose ses deux dons. Il reconnaît également que d'autres stylistes étrangers l'ont influencé, à l'image de Steve M'Quen et Christian Lacroix pour leurs couleurs, Dior pour son élégance et la styliste algérienne, Yasmina, pour le volume de ses tissus et ses somptueux chapeaux. Amor confie que c'est grâce à son esprit créatif et au soutien indéfectible de ses parents qu'il a pu mettre au parfum du jour son talent de styliste. Pour le moment, il est en période d'apprentissage, en se construisant un avenir d'un succès certain. A travers son intérêt pour la haute couture féminine, Amor tente subtilement de faire parvenir un message au monde, celui de dire que la femme peut exister dans un monde d'hommes. Sa sensibilité et sa séduction méritent tous les égards. Ce jeune artiste refuse pour l'instant de commercialiser ses robes. Ils les considèrent, dit-il, comme des œuvres d'art. «Elles sont pour moi des moments de prestige. Je partage mon savoir dans le but d'envoyer des émotions et d'avoir des retours. J'organise des défilés de mode pour offrir des instants de rêve.» Ce passionné voudrait avoir son propre dressing : «Une manière singulière d'admirer au quotidien mes créations et de me dire intérieurement, ‘'est-ce moi qui ai fait tout cela ?'' .» Quand il travaille sur un concept artistique, il crée un personnage que le mannequin doit bien intégrer. «Cela valorise le travail du créateur», explique-t-il. Si Amor Guellil présentera sa dernière collection aux formes géométriques et aux mousselines peintes, dans le courant de ce mois, à Alger. Il est cependant convaincu qu'il pourrait exister une quinzaine de minutes dans une fashion week quelque part dans le monde. Il regrette le fait que l'Algérie ne possède pas sa propre fashion week alors que nombre de stylistes anonymes ont du talent à revendre. Le styliste Amor est sollicité pour d'éventuelles collaborations, mais comme il le dit si bien : «Je préfère rester le gentil petit jeune homme tranquille qui ne dérange personne.» Amor compte offrir à son public un autre défilé de mode qui aura lieu en mars prochain, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. Il caresse également le rêve d'ouvrir sa propre maison de couture en Algérie. A la question de savoir si la mode en Algérie existe, Amor Guellil répond par l'affirmatif, en indiquant qu'il y a des gens qui ne veulent pas, ou n'osent pas, la partager avec autrui.