La Ligue arabe s'est prononcée, hier, pour la poursuite de sa mission d'observateurs en Syrie, malgré les critiques la visant, selon un communiqué de cette organisation. La Ligue a aussi appelé à l'arrêt «immédiat» de la violence en Syrie, de la part du pouvoir comme de tous les «groupes armés». Le comité ministériel de la Ligue en charge du dossier syrien a, dans une déclaration publiée à l'issue d'une réunion au Caire, «appelé le gouvernement syrien et tous les groupes armés à stopper immédiatement tous les actes de violence». Le comité ministériel de la Ligue en charge du dossier syrien a décidé de «donner aux observateurs le temps nécessaire pour poursuivre leur mission conformément au protocole», après avoir examiné le premier rapport du chef des observateurs, le général soudanais, Mohammed Ahmed Moustapha Al Dabi. Le protocole arabe, accepté par le pouvoir syrien, prévoit, outre la mission d'observation, l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Le comité a auditionné le général soudanais, à la tête des 163 observateurs actuellement en Syrie, qui présentait un premier rapport. Ce rapport intervient alors que les appels se multiplient pour que le dossier syrien soit transféré à l'ONU. L'opposition syrienne a ainsi accusé les observateurs d'être «manipulés» par le régime du président Bachar Al Assad et la Ligue de s'être montrée incapable de faire cesser les violences. «Le rapport prône la poursuite du travail de la mission, avec davantage d'équipements technologiques, et en appelle à l'opposition et au gouvernement pour laisser la mission se déplacer librement», a déclaré à des journalistes un diplomate arabe, sous le couvert de l'anonymat. Bourreaux et victimes dans le même camp Le rapport indique également que les observateurs ont été «soumis à un harcèlement par le gouvernement syrien et par l'opposition», a ajouté ce diplomate. Le document «évalue la situation sur le terrain en Syrie et examine les dispositions qui peuvent être prises dans la prochaine phase», a déclaré, de son côté, Ahmed Ben Hilli, secrétaire général adjoint de la Ligue. Les premiers observateurs ont entamé leur mission le 26 décembre 2011 à Damas, tandis que la dernière délégation en date est arrivée samedi, en provenance de Jordanie, pour surveiller l'application d'un plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences. La Syrie est en proie, depuis la mi-mars, à un mouvement de contestation réprimé dans le sang, qui tend à se transformer en conflit armé entre l'armée et des soldats dissidents ayant notamment rejoint l'«Armée syrienne libre». Dans la nuit de samedi à dimanche, de violents affrontements ont opposé des soldats et des déserteurs dans le village de Basr Al Harir, dans la province de Deraa (sud), faisant 11 morts dans les rangs de l'armée régulière, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Par ailleurs, au moins 10 civils ont été tués hier par les tirs des forces du régime, dont 7 dans la province de Homs, haut lieu de la contestation, toujours selon l'OSDH. Depuis plus de neuf mois, la répression de la révolte a fait plus de 5000 morts, selon une estimation de l'ONU en décembre, et samedi, 21 civils, dont 4 manifestants pro-Assad, ont encore péri.