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«La formation, la recherche, l'innovation et l'organisation du secteur de la plasturgie font cruellement défaut» Dr Cherid Tilioune Samia. Enseignante à l'IAP de Boumerdès
Dr Cherid Tilioune Samia est expert environnementaliste, consultante dans les questions liées notamment aux produits hydrocarbures. Elle est enseignante à l'Institut national de pétrole (IAP de Boumerdès). Elle développe, à travers cette interview l'écoconception en entreprise. -Pouvez-vous illustrer par des exemples, là où l'écoconception a fait ses preuves en entreprise ? Beaucoup a été fait concernant ce concept d'écoconception. Prenons l'exemple de l'industrie d'emballage. En effet, les fabricants d'emballage plastique et d'emballages souples travaillent depuis de nombreuses années à l'écoconception de leurs produits. Ils interviennent sur plusieurs axes : la prévention par réduction à la source et la conception des emballages pour un recyclage performant. Mais très souvent, concernant les formes, l'allègement, l'écoconception exige un travail en commun qui associe : le conditionneur, le fabricant d'emballage et le designer. En France, le Conseil national de l'emballage (CNE), depuis sa création (1997), dans le cadre d'accompagnement, a eu pas moins de 249 initiatives sélectionnées, ayant débouché sur 72.736 tonnes d'économie d'emballage et 9,4% de réduction de prélèvement de matériaux à la source. Par cette diminution du poids et du volume des emballages, le volume des transports a été réduit sur les routes de 4826 camions. La publication, toujours en France, en mai 2007 des travaux de l'atelier consacrés aux “emballages et suremballages des yaourts et autres produits laitiers ultra-frais” indique de bonnes performances de réduction au niveau des pots unitaires en matière plastique. Au global, une économie de 1609 tonnes de matériaux a été atteinte. L'intégration de matières recyclées dans l'emballage, une autre forme d'écoconception. Le recyclage des emballages plastiques s'est développé dans des applications qui jusqu'à présent se faisaient principalement en dehors de l'emballage (textile, bâtiment…). La réglementation européenne ayant évolué, il est maintenant possible d'utiliser de la matière recyclée post consommation en contact alimentaire. Ceci se fait dans des conditions réglementaires très précises (règlement 282/2008/CE). Quelques exemples chiffrés : des emballages plus légers : le plastique réduit de moitié l'énergie nécessaire à la fabrication des emballages. Il permet de diviser par 4 le poids des emballages, et par 3 celui des déchets. Des maisons mieux isolées : les plastiques sont de très bons isolants. 50 kg de mousse d'isolation plastique permettent d'économiser l'équivalent de 150 litres de fuel de chauffage. Réduire la consommation de matières premières : les plastiques offrent des performances équivalentes en utilisant moins de matières premières. En 10 ans, les progrès technologiques ont permis de réduire de 30% la consommation de matière nécessaire à la production d'une bouteille… Actuellement, dans ce domaine, les travaux portent sur les quatre grands facteurs d'innovation de la plasturgie : les matériaux, les procédés de production, les produits, les aspects environnementaux. Il en est de même dans les autres domaines ou des réductions importantes de coût, d'énergie, de matières premières ont été réalisées. Ces quelques chiffres renseignent sur l'opportunité du concept d'écoconception en entreprise. -Quel constat faites-vous du secteur de la plasturgie en Algérie ? L'Algérie comme vous l'aviez si bien souligné est un pays pétrolier qui devrait être «à la page en matière de R§D », cependant, de l'état des lieux dans ce domaine, l'Algérie est loin de répondre qualitativement et même quantitativement à la demande du marché national. La formation, la recherche, l'innovation et l'organisation du secteur de la plasturgie font cruellement défaut. Je ne vais pas trop polémiquer sur l'existant ou sur ce qui a existé. Il ne faut pas oublier que très longtemps l'IAP (Institut algérien de pétrole) a assuré la formation dans ce domaine qui malheureusement s'est désagrégée. Toutefois, des laboratoires de recherche et d'analyse dotés d'équipements de pointe et de compétences de haut niveau ont existé à l'instar de l'IAP qui maintient bon gré, mal gré quelques disciplines. Les entreprises sont disséminées sans aucune réelle prise en charge, sans soutien ou accompagnement par une fédération, un réseau où les pouvoirs publics à l'exemple de ce qui se passe en France ou en Tunisie. Il n'y a aucune synergie entre les différentes parties : pouvoir public, secteur de la formation et la recherche, et les entreprises. Les écoles d'ingénieurs en acquérant un niveau technologique élevé doivent avoir pour objectifs d'aider les PME-PMI, de répondre aux besoins des industriels et de remonter jusqu'aux laboratoires de recherche et d'assurer les missions de transfert technologiques auprès des entreprises. Dans le domaine de la formation professionnelle, il faut mettre en place des structures qui répondent aux besoins de l'enseignement professionnel au service tant des entreprises que des apprentis qui autorisera une meilleure prise en compte de la demande croissante de main-d'œuvre qualifiée. Faire connaître les métiers de la plasturgie aux jeunes, métier dont les perspectives d'emploi sont favorables et durables, et ce, par une amélioration des capacités de formation des lycées professionnels pour mieux répondre aux attentes des entreprises en particulier dans le domaine de la plasturgie. Compte tenu des spécificités des entreprises de transformation de matières plastiques, la présence d'interfaces de recherche et de transferts de technologies est indispensable pour diffuser l'innovation et répondre aux exigences de développement du secteur.