« Beaucoup de cas ne peuvent pas supporter une telle durée d'attente, et décèdent par manque de soins ». Le service de rééducation du CHU de Batna est dans une situation alarmante», nous a confié le docteur Bachir Albane, chef dudit service. En effet, l'étroitesse des locaux, dont dispose le service, empêche le bon fonctionnement de ce dernier et rend problématiques les séances de rééducation, les consultations et les soins. Disposant, en tout, de deux grandes salles et de deux bureaux, non aérés, cet espace ne suffit même pas à l'usage de tout le matériel disponible, qui se trouve entassé dans un coin improvisé à cet effet. La multifonctionnalité d'un même espace reste le seul moyen trouvé afin de pouvoir faire marcher correctement le service. «Ce qui devait être mon bureau fait office, entres autres, de salle de consultation et de vestiaire pour les employés», affirme encore notre interlocuteur. Plus grave, l'emplacement du service n'arrange pas les choses. Situé au 4ème étage, le service est difficile d'accès pour les patients qui souffrent, pour la plupart, de handicaps moteurs majeurs. «Les ascenseurs ne sont pas toujours disponibles pour les patients suivis au sein du service», souligne Dr Albane. Les patients sont les premiers touchés. En effet, en sa qualité de service régional externe, sollicité par la quasi-totalité des services (réanimation, traumatologie, neurologie, etc.), ce dernier offre des soins pour à peine 10% des patients qui nécessitent un suivi régulier. Pour le reste, ils se voient redirigés vers les centres de rééducation de Ras El Ma (Sétif) et de Seraïdi (Annaba), qui prodiguent des services d'hospitalisation, où la liste d'attente est d'au moins 8 mois. «Beaucoup de cas ne peuvent pas supporter une telle durée d'attente, et décèdent par manque de soins», s'indigne le docteur Albane. Pour illustrer davantage l'idée du handicap engendré par l'exiguïté des espaces, notre interlocuteur explique qu'environ 60 cas de pieds-bots ont été traités ces deux dernières années au service de rééducation du CHU de Batna: «Ce nombre pourrait progresser significativement si nous disposions de plus d'espace et de moyens.» Pour sa part, Linda Mâamria, seule psychologue orthophoniste du CHU de Batna, nous explique que dans ces conditions de travail, plusieurs genres de pathologies ne peuvent pas être traités à défaut d'intimité, et qu'elle s'occupe donc exclusivement de patients atteints d'infirmité motrice cérébrale (IMC) et d'aphasie. «Je traite environ dix patients par jour, mais ce nombre pourrait doubler si j'avais un bureau où pratiquer, au lieu d'improviser des séances publiques», a-t-elle déclaré. Après l'insistance du personnel auprès des responsables concernés et des élus, plusieurs promesses ont été faites pour que le service bénéficie d'une infrastructure adaptée. Ces promesses n'ont toujours pas de suite. Devant un tel constat, le wali a promis, lors d'une récente visite, de pallier ce problème en inscrivant au calendrier 2012 la construction d'une infrastructure destinée à accueillir le service de rééducation.