Après la colonisation, le président français s'attaque à l'esclavage. Dans des discours très humanistes, Jacques Chirac redevient professeur d'histoire pour ses compatriotes. Il leur rappelle les méfaits des deux phénomènes avec un grand courage politique. Il se pose en rassembleur. Moins d'une semaine après avoir annoncé la suppression de l'alinéa de la loi du 23 février consacrant le « rôle positif » de la colonisation, Jacques Chirac a annoncé l'instauration, le 10 mai en France métropolitaine, d'une journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage. « La grandeur d'un pays, c'est d'assumer toute son histoire. Avec ses pages glorieuses, mais aussi avec sa part d'ombre. Notre histoire est celle d'une grande nation. Regardons-la avec fierté. Regardons-la telle qu'elle a été. C'est pourquoi je souhaite que, dès cette année, la France métropolitaine honore le souvenir des esclaves et commémore l'abolition de l'esclavage », a-t-il annoncé dans son discours devant le comité pour la mémoire de l'esclavage, présidé par l'écrivain antillaise Maryse Condé, en présence de l'écrivain Edouard Glissant et de plusieurs associations. Avec un grand courage politique, le président français entend ne pas laisser un thème si sensible, la mémoire collective, sujet à de possibles dérapages politiques. Il entend aussi couper l'herbe sous le pied de son concurrent, le ministre de l'Intérieur qui avait diligenté une commission parallèle pour « le rôle positif » de la colonisation. Une mission qu'il a confiée à Arno Klarsfeld, avocat et ancien officier de l'armée israélienne. La France commémorera donc l'abolition de l'esclavage le 10 mai, date anniversaire de l'adoption à l'unanimité par le Sénat, en deuxième et dernière lecture, de la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité. Le président se fait pédagogue. « Au-delà de cette commémoration, l'esclavage doit trouver sa juste place dans les programmes de l'école primaire, du collège et du lycée. En outre, les œuvres, objets et archives relatifs à la traite et à l'esclavage constituent un patrimoine d'une exceptionnelle richesse : il devra être préservé, valorisé et présenté au public dans nos musées. » Jacques Chirac a confié à l'écrivain martiniquais, Edouard Glissant, la présidence d'une mission de préfiguration d'un centre national consacré à la traite et à l'esclavage.