Le temps des «indigènes» est fini, semble insinuer le président de la République à l'adresse des nostalgiques de «l'Algérie française.» Quelques jours après les déclarations d'un responsable français qui a requis l'anonymat sur la «compromission» du traité d'amitié algéro-français, et au lendemain du discours du président de la République M.Abdelaziz Bouteflika qui avait justement abordé le sujet, le chef de l'Etat français M. Jacques Chirac est intervenu hier personnellement pour semble-t-il calmer les «ardeurs» dans son pays mais aussi répondre, quoique indirectement, au président Bouteflika. Au cours d'un discours, à l'occasion de l'ouverture d'une conférence des ambassadeurs français, le président de la République française M.Jacques Chirac a réaffirmé la «volonté de la France de signer avec l'Algérie un traité d'amitié pour consolider la prospérité et la stabilité de la région méditerranéenne». Dans son allocution, Jacques Chirac a souligné toute la nécessité de faire de la Méditerranée un «ensemble économique et social cohérent, un ensemble dans lequel puisse s'approfondir notre dialogue politique et engager enfin le dialogue interculturel entre les différents mondes qui partagent cet espace». En appelant de tous ses voeux pour un Maghreb plus uni et solidaire, s'employant à renforcer les liens avec chacune des composantes, Chirac réitéra clairement que le travail entre l'Algérie et la France continue toujours dans le but de signer le traité d'amitié algéro-français, en indiquant que cela «y va de la prospérité, de la sécurité et de la stabilité de la région». La déclaration du locataire de l'Elysée vient ainsi mettre un terme aux « supputations » qu'entretiennent certaines «parties» au sein de l'Hexagone sur le sort du traité d'amitié qui devrait être signé avant la fin de l'année 2005. Jacques Chirac semble y accorder une importance particulière. Sa réaction au lendemain du discours prononcé par M. Abdelaziz Bouteflika, renseigne de l'importance que revêt le traité et qui devrait sceller durablement les relations entre l'Algérie et la France malgré la «bourde» de quelques députés de l'UMP qui avaient voté le 23 février dernier une loi glorifiant ni plus ni moins le colonialisme français en Algérie. Là-dessus, le président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, en campagne au Sud du pays pour expliquer les bienfaits de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n' y est pas allé avec le dos de la cuillère: «Souvenez-vous Français. Sans les essais nucléaires et bactériologiques de Reggane et de Oued Namous, la France ne serait pas la puissance nucléaire qu'elle est aujourd'hui» a martelé le chef de l'Etat en indiquant à son tour que notre pays est en train de négocier avec les autorités françaises pour la conclusion du traité de paix et cela, a-t-il tenu à clairement signifier «sur la base d'une reconnaissance de la France que ce qui appartient à Dieu est à Dieu et ce qui appartient à César est à César». La citation de Bouteflika est claire comme de l'eau de roche. Le temps des «indigènes» est fini, semble insinuer le président de la République à l'adresse des nostalgiques de «l'Algérie française.» Le chef de l'Etat, qui a déclaré lors de son passage à Béchar ne nourrir aucune haine envers la France, a invité cette dernière à entretenir une relation d'égal à égal avec l'Algérie. Il faut rappeler qu'après le «dégel» des relations entre l'Algérie et la France et l'impulsion entamée par les présidents Bouteflika et Chirac, particulièrement après la réélection du président de la République en 2004, des voix dans l'Hexagone qui voulaient selon toute vraisemblance porter un coup aux relations algéro-françaises avaient commencé à se distinguer par des propos, parfois à la limite du tolérable. Sinon comment expliquer que près d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, le Parlement de l'ancien colonisateur s'est permis le vote d'une loi glorifiant le massacre de pas moins de un million et demi de martyrs, car en toile de fond il s'agissait de cela. En tout état de cause l'intervention, hier, de Jacques Chirac est arrivée à point nommé pour remettre en place ses ennemis au sein de son propre parti et au sein de l'opposition, mais aussi réaffirmer officiellement la position de la France à aller très loin dans ses relations avec l'Algérie. «La France jouera tout son rôle pour que s'affirme cette grande ambition», avait déclaré hier Chirac en parlant d'approfondissement de dialogue politique entre les deux rives de la Méditerranée. Cela devrait en principe mettre un terme à la polémique déclenchée au sein de la classe politique française hostile à Chirac et au traité d'amitié algéro-français, du moins pour un moment!