Nos relations avec le Maghreb demeurent plus que jamais une priorité politique et stratégique de notre action extérieure », a déclaré le président Chirac vendredi après-midi lors de la clôture de la XIIe conférence annuelle des ambassadeurs réunis à l'Elysée, lorsqu'il a abordé le chapitre des relations de l'UE avec le Maghreb. Au niveau bilatéral, après avoir souligné que « la France, pour sa part, est unie à ces pays par des liens bilatéraux d'une exceptionnelle densité », Jacques Chirac a indiqué que la signature, en 2005, d'un traité d'amitié avec l'Algérie « posera les fondations d'une relation forte et ambitieuse, tournée vers l'avenir ». Selon Jacques Chirac, une « politique ambitieuse de voisinage » doit aussi se développer en direction des pays de la rive sud de la Méditerranée, « dans la perspective de leur association renforcée à l'Europe ». Il a souhaité que la France « saisisse l'occasion du dixième anniversaire du processus de Barcelone en 2005 pour proposer de nouvelles avancées ». Le chef de l'Etat français a ajouté qu'« à nos portes, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie s'attachent, avec courage et détermination, à répondre aux aspirations d'une jeunesse nombreuse, avide d'apprendre et d'entreprendre, impatiente de mettre la force de son enthousiasme au service du progrès économique et social. L'Europe doit les aider à relever ce défi, dans un esprit de solidarité et de générosité. » Et d'ajouter : « Nous avons besoin, à nos frontières sud, d'un ensemble maghrébin uni et stable, qui constitue pour ses populations un espace de démocratie, de liberté et de prospérité. Encourageons les cinq pays du Maghreb dans la mise en œuvre du processus d'intégration régionale qu'ils ont engagé. Aidons-les dans leurs efforts de développement, en mettant effectivement en œuvre les coopérations renforcées dont le principe a été établi à Naples en décembre dernier. » « Inaction », « fausses prudences » au Proche-Orient Parmi les autres priorités de la diplomatie française, le président Chirac a évoqué, outre l'Europe, le Proche-Orient et l'Irak, la mondialisation. Concernant le conflit israélo-palestinien, sur un ton grave mais non moins ferme et déterminé, Jacques Chirac a appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités », à constater « les résultats désastreux de son inaction », à s'affranchir de ses « fausses prudences », à dire que « le terrorisme et la négation de l'autre sont condamnables et doivent être dénoncés et combattus sans faiblesse, mais que l'occupation, la colonisation, sont inacceptables et doivent cesser », et à refuser la « politique des préalables ». « Combien de temps le monde acceptera-t-il cette tragédie ? », s'est exclamé Jacques Chirac. Après avoir réaffirmé que la création d'un Etat palestinien en 2005 « demeure notre objectif », il a ajouté, faisant référence à la feuille de route, que « la paix est possible ». Le retrait envisagé de Ghaza ne peut se concevoir que comme une première étape. Il a rappelé que la France et l'Europe étaient « prêtes à contribuer » à une présence internationale sur le terrain. Pour ce qui est de l'Irak, Jacques Chirac a annoncé qu'il recevrait en septembre à Paris le nouveau président, Ghazi Al Yaouar. « La France, qui a soutenu la restauration d'un Irak souverain (...), veut l'accompagner dans son rétablissement », a-t-il dit. Il a rappelé l'importance des élections prévues début 2005, une échéance dont Paris souhaite le maintien. » A propos de l'Afrique, il a souligné que la France et la Grande-Bretagne travaillaient à la préparation du prochain sommet du G8 « qui fera de l'appui à ce continent une priorité ».La réconciliation avec les Etats-Unis n'a pas empêché Jacques Chirac de réaffirmer sa vision d'un monde « mutipolaire » fondé sur la charte des Nations unies, un concept auquel l'Administration Bush est hostile. Il a renouvelé son soutien à une réforme des Nations unies, estimant en particulier indispensable un élargissement du Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents et non permanents.