La Nasa a rendu hommage, samedi dernier, aux sept membres d'équipage de Challenger tués il y a vingt ans dans l'explosion de la navette, 73 secondes après le lancement, lors d'une cérémonie empreinte d'émotion et en présence de leurs familles. L'hommage s'est déroulé au Centre spatial Kennedy à Cap Canaveral, en Floride, 20 ans jour pour jour après la tragédie du 28 janvier 1986, gravée dans la mémoire collective américaine. Des dizaines de personnes, dont des responsables de l'agence spatiale américaine, quelques parlementaires et les familles des astronautes ayant péri dans les catastrophes de Challenger, Columbia et Apollo 1, ont participé à la cérémonie. Rendant hommage à son mari et à ses compagnons dans un discours, June Scobee Rodgers, la veuve du commandant de la mission de Challenger, Francis Scobee, a affirmé n'avoir eu à l'époque aucune réticence face à la mission et aux risques encourus. « En tant que pilote, il était conscient des dangers et les acceptait », a-t-elle déclaré. « Sans risques, il n'y a pas de connaissance, le plus grand risque est de ne pas prendre de risques », a-t-elle ajouté. Elle a ensuite lu une lettre écrite par sa fille Kathy, enfant à l'époque de l'explosion : « Mon père est mort 100 fois à la télévision et Challenger a été une tragédie nationale regardée par tout le monde en direct », a-t-elle écrit des années après. Douze enfants des sept astronautes de la mission furent « témoins directs de la tragédie », a précisé June Scobee Rodgers, « mais tous ont réussi à refaire leur vie, à aller à l'université et à avoir une carrière ». Les familles assistaient d'une tribune en plein air du centre spatial à l'événement. Pour préserver l'héritage et la mémoire des astronautes, les familles ont fondé le Centre Challenger pour l'éducation spatiale, une institution qui encourage l'enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie à travers des cours et des laboratoires dans tout le pays. Le lancement avait eu lieu le mardi 28 janvier à 11h38 locales sous un ciel bleu mais avec des températures glaciales. Tout paraissait normal dans les premiers moments du vol, le 25e d'une navette depuis avril 1981 mais à 64 secondes, un éclair se produisit entre l'orbiteur et le réservoir central. Neuf secondes après, à 14 000 m d'altitude, Challenger se volatilisait dans un gigantesque embrasement d'hydrogène et d'oxygène liquide. La commission présidentielle d'enquête conclut que l'accident fut provoqué par un joint défectueux d'une des deux fusées d'appoint.