Mon engagement en faveur des étrangers résidant régulièrement en France, (ou pas, d'ailleurs), s'est forgé dans ma propre histoire personnelle. Je suis le cadet d'une famille de sept enfants, d'origine kabyle et mon père a sacrifié 25 années de sa vie au fond du puits de la fosse 9 de Oignies dans l'ex-bassin minier du Pas-de-Calais dans une mine de charbon. Je me suis très tôt intéressé au sort de celles et ceux qui, une fois arrivés sur le territoire français, désirent s'y installer durablement mais éprouvent les pires difficultés à concrétiser leur souhait, et ce, depuis surtout un certain nombre d'années, correspondant au quinquennat de Nicolas Sarkozy. En effet, force est de constater que c'est devenu un véritable parcours du combattant pour les étrangers, suite au durcissement intolérable, indigne des conditions d'entrée et de séjour en France, depuis la loi du 24 juillet 2006 réformant le Ceseda*, prise alors par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Ce dernier a volontairement choisi de faire de l'immigration un véritable fonds de commerce pour appâter les voix de la frange électorale française la plus extrémiste, à savoir celle du Front national. Mon combat pour les étrangers, en particulier d'origine maghrébine ou d'Afrique noire, puisqu'en premier visés, ces mal-aimés de notre République, est de faire avancer les idées qui sont chères et communes à beaucoup de républicains de tous bords, les idées de justice sociale, d'égalité de tous, y compris pour les étrangers, de respect de la laïcité, de redonner un sens à notre devise républicaine «Liberté-Egalité-Fraternité» complètement abandonnée par l'UMP. Je milite sans cesse pour que les valeurs républicaines auxquelles je crois, et qui ont fait que la France était respectée à travers le monde, soient de nouveau mises en avant pour que la France redevienne le pays des droits de l'homme, ce pays qui a fait rêver tant de gens à travers le monde, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui ! Ce combat de toujours trouve donc tout son sens dans ma mission d'expert au sein du pôle Immigration-Intégration que dirige Mireille Le Corret qui est d'apporter, avant tout, un certain nombre de propositions concrètes à François Hollande pour que, dès la première législature à majorité de gauche en juin 2012, nous puissions réformer le code de l'entrée du séjour des étrangers en France et du droit d'asile. Nous devons battre en brèche toutes les idées reçues sur les étrangers et donner une nouvelle expression publique qui va à l'encontre de tous les clichés véhiculés sur ces mêmes étrangers depuis tant d'années et qui sont devenus les véritables boucs émissaires de l'actuelle majorité, qui, à chaque fois qu'elle en ressent le besoin et surtout à la veille d'échéances électorales, rend l'étranger responsable de tous les maux français, alors qu'il n'en est rien ! Il faut absolument que cesse la stigmatisation de l'étranger, qui doit être perçu comme une richesse pour notre pays et non comme un danger. Il faut absolument arrêter de jouer avec la peur des Français de se servir des étrangers comme des boucs émissaires. Toute mission qui consiste à redéfinir et imposer un certain nombre d'idées, qui ont été dénigrées pendant tant d'années, est une mission difficile, mais oh combien exaltante ! La diabolisation est là ! De Marine le Pen aux Sarkozy, Fillon, Hortefeux, Besson, Guéant et les tenants de la droite populaire, l'étranger est, pour eux, l'éternel problème de la France, d'où les lois, décrets et autres circulaires qui, mois après mois, depuis cinq ans, rendent très difficile la vie au quotidien des étrangers. A ce propos, il est complètement anormal de voir se dégrader, jour après jour, les conditions d'accueil des étrangers, en préfecture ou en sous-préfecture, qui doivent patienter parfois, la veille en pleine nuit, dans le froid, souvent sous la pluie, pour pouvoir avoir un RDV afin de renouveler leur récépissé de demande de carte de séjour ou pour tout simplement un premier RDV afin d'exami-ner leur situation administrative… Cela est intolérable et indigne de notre République, et l'une des priorités avec François Hollande sera justement de rendre dignes les conditions d'accueil des étrangers dans nos administrations préfectorales et sous-préfectorales. Je plaide, en outre, pour l'abrogation de la circulaire Guéant, du 31 mai 2011, circulaire de la honte, qui rend beaucoup plus difficile, voire dans certains cas impossible, le changement de statut pour les étudiants étrangers qui ont fait de hautes études supérieures en France, qui sont en possession d'un contrat de travail à durée indéterminée et à qui on refuse l'autorisation de travailler et de bénéficier d'une carte de séjour comme salariés. Cette circulaire est non seulement complètement injuste à l'égard de ces étudiants, mais également aberrante d'un point de vue économique, car la restriction drastique des autorisations de travail va jeter ces étudiants hautement qualifiés dans les bras des Etats-Unis, du Canada ou des pays d'Asie, comme la Chine, qui bénéficieront de cette main-d'œuvre formée en France, mais qui lui échappe finalement. Par ailleurs, un arrêté du ministère de l'Intérieur, publié au Journal officiel le 12 août 2011, réduit de moitié la liste de 30 métiers actuellement ouverts aux non-Européens. En effet, au cœur de l'été, les ministères de l'Intérieur et du Travail ont mis en place un projet d'arrêté définissant une nouvelle liste de métiers ouverts aux étrangers, non membres de la communauté européenne. L'objectif affiché est de réduire de moitié l'immigration légale annuelle du travail qui s'élève actuellement à environ 20 000 personnes par an.Mise en place en janvier 2008, cette liste comprenait à l'origine 30 métiers accessibles, région par région, aux personnes venant d'un pays non européen. D'après l'arrêté, il n'y a désormais plus que seize. Seize métiers dits «en tension», c'est-à-dire en manque de main-d'œuvre française. Le gouvernement Fillon continue donc son offensive contre l'immigration légale. Pourtant, cette liste ne changera pas grand-chose, et sa modification aura un impact limité sur la baisse des permis de travail et les flux migratoires. En effet, comment ce nouvel inventaire pourrait-il fonctionner, alors que d'autres listes de métiers ouverts aux étrangers existent déjà ? Une flopée d'autres listes de professions résultant d'accords bilatéraux entre la France et des pays non communautaires sont déjà en vigueur. Au final, cette liste n'a donc que peu de valeur. Le gouvernement, lui, défend un projet qu'il considère comme cohérent : moins de métiers, moins de main-d'œuvre étrangère, moins de chômage. Quitte à faire un amalgame dangereux, car ce n'est pas en s'attaquant à l'immigration par le travail, qui ne touche que 10 000 à 20 000 personnes, que la tendance économique va s'inverser. Le nombre de titres de séjour salariés va peut-être baisser, mais la main- d'œuvre continuera à venir travailler en France, simplement, elle le fera maintenant de manière illégale... L'élection présidentielle, qui interviendra en mai prochain, met une fois de plus l'étranger au centre du débat politique. On vient encore de le voir, ces dernières semaines, avec la polémique sur le droit de vote des étrangers résidant en France depuis plus de cinq années, aux élections municipales. Cette réforme, nous la ferons si François Hollande est élu président de la République, ayant là une chance historique de concrétiser une des 110 propositions de François Mitterrand en 1981 et qui n'a jamais pu être votée faute de majorité au Sénat. La majorité au Sénat nous l'avons et avec une Assemblée législative de gauche en juin prochain, plus rien ne s'opposera à la mise en pratique de cette promesse si juste pour ces étrangers, qui paient des impôts et participent à la vie locale sans pouvoir exprimer leur point de vue sur le choix de leur équipe municipale. En réalité, toutes ces polémiques auxquelles nous assistons découlent encore une fois d'une volonté politique honteusement non assumée par l'Exécutif actuel, car à quelques mois de l'échéance présidentielle, cette politique migratoire n'a, encore une fois, qu'une seule ambition : séduire l'électorat frontiste.Le clan UMP n'hésite pas à marcher sur les plates-bandes du Front national, et le gouvernement tente à l'évidence une opération politicienne en direction de la frange extrême des électeurs de droite en ciblant notamment, pour revenir à l'arrêté du 12 août 2011, la goutte d'eau de l'immigration légale pour faire oublier l'océan du chômage de masse. Je réaffirme que l'immigration est une chance économique pour nos défis collectifs actuels, tout en affirmant bien évidemment que notre politique migratoire n'aura un sens que si elle repose sur des critères de régularisation humains, bien définis, précis et surtout appliqués uniformément par nos préfectures. L'immigration est dans tous les pays, qui ont fait le choix de s'approprier l'enjeu et un élément de dynamisation dans le domaine du bâtiment, de la restauration, des services à la personne...En déverrouillant les mobilités entravées par l'absence de délivrance de papiers et la diminution drastique de la délivrance des visas, en cessant cet appui de fait aux corruptions de toutes sortes, des réseaux qui vivent sur les déplacements de clandestins jusqu'aux Etats qui voient dans le départ de leurs ressortissants une fuite de la contestation politique et sociale, nous pouvons desserrer les nœuds d'une politique migratoire engoncée dans ses contradictions.