Le concept de l'immigration choisie commence à prendre corps. Les préfectures peuvent désormais délivrer des autorisations de travail aux étrangers pour une liste très restreinte de 6 à 30 emplois pour les ressortissants non européens, et de 150 pour les Européens de l'Est. Les Algériens et les Tunisiens en sont exclus. C'est le quotidien économique Les Echos qui a rendu publique la circulaire du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale et celui de l'Economie. Selon le journal, les Algériens et les Tunisiens n'ont droit à aucune de ces dispositions alors qu'ils représentent près de 30% des entrées permanentes en France, en raison des dérogations prévues au titre du regroupement familial. Le gouvernement français se réserve la possibilité de mettre cela dans la balance lors d'une éventuelle renégociation des accords franco-algérien de 1968 et franco-tunisien de 1988.Cette circulaire de 33 pages stipule l'inapplicabilité de cette liste aux Algériens et aux Tunisiens car les accords franco-algérien et franco-tunisien n'en prévoient pas la possibilité. Pour les Tunisiens, « des négociations sont prévues dans les prochaines semaines en vue de la signature d'un accord de gestion concertée des flux migratoires et de co-développement » et « de nouvelles instructions seront données », précise la circulaire. Pour les autres, les mesures sont applicables « dès maintenant », qu'il s'agisse de demandes d'introduction de main-d'œuvre déposées dans les directions départementales du travail ou de demandes de changement de statut déposées en préfecture, y compris celles en cours d'examen, selon la circulaire envoyée le 20 décembre des deux ministères, Immigration et Emploi. Le changement de statut concerne par exemple un étudiant étranger ayant trouvé un emploi, mais pas la régularisation de sans-papiers. Pour les Européens de l'Est, la liste des métiers ouverts passe de 61 à 150, dont certains peu qualifiés comme employé de ménage ou serveur. « 40% des offres d'emploi de l'ANPE », et « presque la totalité des domaines professionnels » leur sont accessibles, précise la circulaire. Seuls six métiers qualifiés sont accessibles dans toute la France : cadre de l'audit, informaticien d'étude, informaticien expert, chargé d'études techniques du BTP, chef de chantier du BTP, conducteur de travaux du BTP. Une autorisation provisoire de travail reste nécessaire, et il ne faut pas quitter son travail pour un autre métier hors de liste, sous peine de ne pas voir renouveler son titre au bout de l'année écoulée. Dans sa circulaire, le gouvernement précise que des listes élargies de métiers entreront en vigueur pour les ressortissants d'Etats ayant conclu un accord de gestion concertée des flux migratoires. Des accords bilatéraux ont déjà été signés avec le Sénégal, le Gabon, le Congo, et le seront prochainement avec le Bénin et les Philippines. Des postes d'ingénieur ou de cadre technico-commercial seront ainsi accessibles aux Congolais. La liste de ces emplois a été élaborée en concertation notamment avec les organisations patronales, et avait été rendue publique début novembre.