C'est une certitude. Pour les partis islamiques qui s'apprêtent à participer aux prochaines législatives, les cadres de l'ex-FIS vont appeler leurs sympathisants au boycott. Pour ces partis, cette décision serait dictée par l'interdiction faite par le gouvernement aux responsables du parti dissous de ne pas avoir la possibilité d'être candidat. «C'est une erreur, estime Abdelmajid Menasra, président du Front du changement national (FCN), non encore agréé. Les responsables de l'ex-FIS ne devraient pas s'enfermer dans cette attitude, mais plutôt encourager leurs partisans à participer à la victoire du camp islamiste. C'est la seule façon pour eux de faire avancer leurs revendications.» Ce boycott annoncé n'empêche pas les appels du pied répétés des formations islamistes en direction des sympathisants du parti dissous, même si toutes nient avoir mis en place une stratégie spécifique pour cibler les partisans du boycott. «Nous avons un discours politique qui s'adresse à tous les Algériens, d'autant que nous avons tous le même référent islamique, souligne Abderrezak Mokri, vice-président du Mouvement social pour la paix (MSP). Les leaders du FIS se trompent en ne prenant pas en considération l'évolution de leur électorat. Les aspirations de ceux qui les ont rejoints en 1990 n'ont plus rien à voir avec leurs aspirations actuelles. L'électorat islamique est beaucoup moins porté sur l'islam idéologique, donc politique, comme par le passé.» Un point de vue que partage le chargé de la communication d'El Islah, Rachid Yaïssi. «Il ne faut pas perdre de vue que ceux qui avaient 20 ans au moment des élections dans les années 1990 en ont aujourd'hui 40, et leurs revendications ne sont plus les mêmes. D'ailleurs, le discours idéologique tenu par l'ancien parti dissous n'a plus la même attractivité que par le passé, c'est pour cela que nous tenons un discours réaliste.» Reste que les formations islamistes craignent de se voir voler la victoire lors des prochaines législatives, si le taux d'abstention est trop élevé. Elles soupçonnent le pouvoir de vouloir utiliser l'abstention, pour justifier les scores obtenus. «L'abstention va jouer contre nous, analyse Mohamed Hadibi, porte-parole du parti Nahda et secrétaire national chargé de l'information. Les sympathisants de l'ex-FIS doivent comprendre qu'il serait suicidaire pour toute la mouvance islamiste de perdre des voix lors de ces élections. Nous les avons toujours respectés et défendus et nous comptons sur leur bon sens pour qu'ils aillent voter le jour des élections.»