La classe politique nationale est quasi-unanime : il n'y aura pas de raz-de-marée islamiste à l'occasion des prochaines élections législatives dont le premier tour devrait être organisé entre le 17 février et le 17 mai 2012. Cette lecture a été faite entre autres par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Rassemblement national démocratique (RND). Depuis hier, on sait que le Front de libération national (FLN) se prépare aux votes de l'année prochaine en fonction de cette même hypothèse. Au cours d'une conférence-débat organisée au siège central du FLN, à Hydra (Alger), Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti, a déclaré prévoir, à titre personnel, un résultat de 35% des voix pour la mouvance islamiste, tous partis confondus, à ces législatives. «Si on prend comme point de départ le réservoir électoral, les islamistes représentent entre 35% et 40% des voix dans tous les pays musulmans, de Rabat à Djakarta», indique-t-il. Pour lui, il est encore prématuré de pronostiquer sur l'issue du vote. Rejetant la thèse d'un raz-de-marée islamiste, M. Belkhadem déclare, en guise d'un premier argument : «Nous, nous avons déjà vécu cette expérience en 1990 et 1991. Le SG du FLN, qui était au moment des faits président de l'Assemblée populaire nationale (APN), fait référence aux élections locales du 27 juin 1990 remportées par le FIS (aujourd'hui dissous) avec 54% des voix exprimées lors d'un scrutin qui a enregistré une participation de l'ordre de 38%. Il fait également référence au premier tour des élections législatives, organisées le 26 décembre 1991, également remportées par la formation d'Abassi Madani et d'Ali Benhadj, qui constituait à l'époque le monopole de l'électorat islamiste. Du monopole de l'ex-FIS à la multiplication des partis islamistes Le deuxième argument développé par M. Belkhadem concerne le rapport qui lie les partis islamistes aux pouvoirs en place dans les pays musulmans. «Le courant islamiste en Tunisie, au Maroc ou en Egypte était dans l'opposition depuis le début. Nous, nous en avons au sein de l'Alliance présidentielle et dans l'opposition», observe l'ancien chef de gouvernement. Autrement dit, les islamistes algériens ont participé à la gestion de leur pays, contrairement aux islamistes tunisiens ou marocains qui ont été de tous temps rejetés dans l'opposition par les pouvoirs en place. Sans le dire clairement, le conférencier note un dernier argument relatif à l'existence de plusieurs partis, agréés ou non, se réclamant du camp islamiste, à l'instar du MSP, Ennahda, El Ishal, le Front pour le changement national (FCN), le Front pour la justice et le développement... La multiplication de partis islamistes, qui divergent sur certains points quand ils ne s'opposent pas, est de nature à provoquer l'émiettement des voix des électeurs en cas de participations individuelles aux législatives.