Mohamed Boukaci nous a quittés brutalement le 31 décembre 2011. Ce fut un homme qui a su, sans tambour ni trompette, mais avec la patience d'un paysan et la résolution d'un forgeron, apporter sa pierre à l'édification d'une Algérie unique mais plurielle, à la fois moderne mais ancrée dans les profondeurs de l'authenticité amazighe. Pour tamazight, il militait d'abord dans le MCB authentique puis après l'explosion de celui-ci, il s'est résolu à continuer le combat par l'écriture. C'est justement dans le cadre de cette lutte qu'il a voulu arracher de l'oubli, non pas la célébration de Yennayer qui était accomplie dans la quasi-totalité des contrées de l'Afrique du Nord, mais plutôt la source de celui-ci et son ancrage dans l'amazighité profonde de tous les peuples d'Afrique du Nord, afin qu'ils comprennent, nonobstant les tentatives de division dans lesquelles le régime algérien excelle, qu'ils ne constituent en fait qu'un seul et même peuple.Mohamed Boukaci avait 54 ans à son décès, il laisse à la postérité trois romans : Yeux de feu (Editions le savoir, Tiz Ouzou, 2007) ; Le Transfuge (éditions Laharmattan, Paris 2009) ; Le Trésor de discorde (éditions Publibook, Paris 2011). Le jour de son enterrement au cimetière Djedi Menguellet à Taourirt Menguellet, dans la commune de Aïn El Hammm, le 1er janvier 2012, Ahcène, notre ami commun, a eu cette réflexion, les yeux levés vers le ciel : «C'est un beau jour pour mourir.» C'était sa phrase, il la répétait chaque fois que le ciel était d'un bleu immaculé.