L'insuffisance du produit a encouragé les opportunistes dans la voie de la spéculation. Depuis le début de l'hiver, la population est soumise à rude épreuve dans sa quête de gaz butane. De longues files d'attente sont quotidiennement formées au niveau des traditionnels points de vente, insuffisamment alimentés, a-t-on constaté. Des témoignages recueillis sur les lieux auprès de citoyens évoquent une situation pénible dans les localités rurales, où, faute de gaz, les gens ont recours au bois pour se chauffer. Dans la ville d'El Milia, l'une des agglomérations les plus touchées par cette crise, le spectacle est le même du matin au soir avec son lot de camions et camionnettes attendant un éventuel arrivage. Cette tension a d'ailleurs fait naître la spéculation autour de la bouteille de gaz. Sautant sur l'occasion, beaucoup ayant trouvé le filon, versent dans ce commerce. Ils passent leur temps à guetter l'arrivée des camions de Naftal pour revendre la bouteille plus chère. Dans certaines localités, la fameuse bombonne coûte 300 DA; chez des revendeurs, elle est à 250 DA, alors que son prix officiel est 200 DA au niveau des points de vente de Naftal et des stations de service privées. Selon des sources au fait des rouages de la distribution, cette crise trouve son origine dans la faible capacité de production du centre enfûteur de Taher, qui, avec 4 500 bouteilles/jour, n'arrive pas à couvrir les besoins du marché. Un agent d'une station Naftal a indiqué que cette année est plus difficile par rapport à celles passées; avant, le gaz était plus disponible et les citoyens arrivaient quand même à couvrir leurs besoins. D'autres sources soutiennent que cette crise est due aussi à l'arrêt de l'approvisionnement en gaz butane des régions ouest de la wilaya, à partir de Bejaïa. Depuis un certain temps, assure-t- on, l'approvisionnement dépend exclusivement du seul centre de Taher. Dans l'une des stations Naftal que nous avons visitées, on estime, en moyenne, à 650 le nombre de bouteilles distribuées par jour. «Au vu de la tension qu'on connaît, on peut même écouler facilement 1000 bouteilles/jour», confesse-t-on.