L'Algérie a importé, en 2011, pour 46,45 milliards de dollars. Ce chiffre, un nouveau record pour les importations du pays, est en hausse de 14,77% par rapport à 2010 (40,47 milliards de dollars). Ces chiffres, communiqués par le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (CNIS), renseignent sur un fait majeur, à savoir que les lois de finances élaborées chaque année, depuis 2008, n'arrivent toujours pas à freiner la valeur des importations de l'Algérie. Instaurée en vertu de la loi de finances complémentaire de 2009, la mesure imposant le paiement des importations par le seul moyen du crédit documentaire (credoc) ne semble pas, non plus, influencer sur cette tendance haussière des importations algériennes. «L'explosion» de la facture des importations du pays, qui était à 39 milliards en 2009, à 38 milliards de dollars en 2008, contre 27 milliards en 2007 et 18 milliards en 2004, montre que la croissance des importations atteint 300% sur la période 2004-2009. Ainsi, les mesures de régulation n'ont permis de réduire ni le volume ni la valeur de nos importations. Au contraire, plusieurs groupes de marchandises importés ne font qu'augmenter, comme c'est le cas du groupe alimentaire dont la facture a atteint près de 10 milliards de dollars (soit un bond de 61%), avec une nette augmentation pour les céréales (4 milliards de dollars). Les pouvoirs publics expliquent cette hausse par la flambée des prix à l'international, mais surtout par les quantités supplémentaires qu'il a été décidé d'importer pour approvisionner le marché national. En effet, des achats massifs ont été effectués en 2011 pour reconstituer ses stocks de céréales et pour répondre à l'obligation faite à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) d'augmenter les quotas fournis aux transformateurs. Il faut dire, cependant, que la tentative de réorganisation du commerce extérieur à travers l'institution de nouveaux instruments n'avait pas pour but de réduire l'importation de produits de première nécessité, tels que les céréales, mais plutôt, comme l'a affirmé le ministre des Finances, Karim Djoudi, «d'assurer la traçabilité, le suivi et le contrôle des opérations de commerce extérieur qui ont généré, jusque-là, un phénomène de pompe aspirante des devises». A propos de devises, le FCE croit savoir que le gouvernement, dans sa «lutte» contre les importations massives, ne s'est pas empêché de procéder à un relèvement du taux de parité avec la devise européenne pour, justement, freiner les importations dans un contexte où celles-ci pourraient s'envoler encore à la faveur des dernières augmentations de salaires, sans contrepartie productive. En tout état de cause, si telle est réellement la motivation des pouvoirs publics, la dévaluation du dinar ne serait, aux yeux des opérateurs économiques, qu'une solution de facilité de plus afin de stopper la dérive des importations. Près de 10 milliards de dollars en produits alimentaires La structure des importations en 2011, telle que présentée par les services des Douanes, montre une tendance haussière caractérisée par un bond de l'ordre de 61%, enregistré notamment par le groupe «alimentation», pour un montant de 9,75 milliards de dollars. Cette hausse a concerné surtout les céréales (102,6%) et les sucres (71,19%). Selon le CNIS, les importations de blé de l'Algérie se sont fortement accrues de 125,5% à 2,82 milliards de dollars en 2011, contre 1,25 milliard de dollars en 2010. Les importations de blé tendre, qui représentent une part importante des importations algériennes, sont passées à 1,96 milliard de dollars pour une quantité de 5,5 millions de tonnes en 2011 contre 913,25 millions de dollars pour 3,9 millions de tonnes en 2010, en hausse de plus de 115% en termes de valeur. Pour le blé dur, l'Algérie a importé durant l'année écoulée pour 858,6 millions de dollars (1,85 million de tonnes) contre 338,6 millions de dollars, soit 1,2 million de tonnes en 2010. L'importation de lait et dérivés a également augmenté de 53,5%, par rapport à 2010, le café et le thé de 35,33% et les légumes secs de 30,56%. Les autres groupes, qui ont également connu des hausses, sont ceux des «demi-produits», avec 1,76 milliard de dollars (+24,98%), les «biens de consommation non alimentaires», avec 7,27 milliards de dollars (+24,57%), les «énergie et lubrifiants», avec 1,09 milliard de dollars (+14,87%), les «biens d'équipement agricoles», avec 382 millions de dollars (+12%) et enfin celui des «demi-produits», avec 10,48 milliards de dollars (+3,8%). Selon la même source, le seul groupe ayant connu une baisse est celui des biens d'équipements industriels, qui a enregistré une légère diminution de l'ordre de 0,43%, avec une valeur de 15,7 milliards de dollars. Par ailleurs, la progression des biens de consommation non alimentaires a concerné surtout les véhicules de tourisme (44,89%) et les pneumatiques (44,35%). Enfin, l'importation des médicaments a connu une hausse de 16,84%.