La situation en Syrie risque de se compliquer dans les prochains jours. Et pour cause, le régime de Bachar Al Assad a rejeté, hier, toute solution arabe à la crise et s'est dit déterminé à en finir avec la révolte populaire. Le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a, en effet, refusé dans le fond et dans la forme le plan arabe prévoyant à terme le départ du président Bachar Al Assad, considérant qu'il s'agit d'une «atteinte» à la souveraineté syrienne. Fini les solutions arabes», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Damas, accusant ses homologues arabes de «comploter» pour internationaliser la crise en recourant à l'ONU. Il leur a reproché aussi de prendre des décisions «en sachant qu'elles seront rejetées par les autorités» syriennes. «La solution doit être syrienne et porter sur la mise en application du programme de réformes annoncées par le président Bachar Al Assad et sur l'ouverture d'un dialogue national», a-t-il ajouté. Après avoir adopté dimanche sa nouvelle initiative sur la Syrie, la Ligue arabe a annoncé avoir demandé au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de le rencontrer à New York pour la lui présenter et demander l'appui du Conseil de sécurité. Le ministre syrien a cependant rendu hommage au rapport du chef des observateurs qui, selon lui, «a fait état de la présence de groupes armés commettant des actes de sabotage contre des bâtiments publics et privés et attaquant les forces de l'ordre et les citoyens». Il a ajouté que son pays «étudiait une demande» du chef de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, de prolonger d'un mois supplémentaire la mission des observateurs arabes, tout en laissant planer le doute sur sa réponse. Les observateurs ont été déployés le 26 décembre après l'accord donné par Damas à un protocole qui prévoit un arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait des chars des villes et la libre circulation des journalistes étrangers et des observateurs. Mais aucune des clauses n'a été respectée. Le chef de la diplomatie syrienne a réaffirmé la détermination du régime à combattre les groupes armés : «Il est du devoir du gouvernement syrien de décider de ce qui est nécessaire pour traiter avec ces groupes armés qui sèment le chaos.» Le peuple syrien appuie «la solution sécuritaire» pour mettre fin à la crise et «veut en finir». Damas ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation populaire qui ne faiblit pas depuis mars et a affirmé lutter contre des «gangs terroristes à la solde de l'étranger» qui cherchent à semer le chaos dans le pays. Les monarchies du Golfe veulent en finir avec Al Assad Sur le plan économique, le chef de la diplomatie syrienne a admis que les sanctions européennes et américaines imposées à son pays ont provoqué une crise en Syrie, mais il affirmé qu'elles ne le feraient pas plier. Concernant l'appui de Moscou au régime syrien, Walid Mouallem a indiqué qu'il ne doute pas du soutien de son allié : «Personne ne peut douter de la relation syro-russe, car elle est historique et sert les intérêts des deux peuples. La Russie n'acceptera jamais une intervention étrangère en Syrie, c'est une ligne rouge.» Une résolution condamnant la répression en Syrie, qui a fait plus de 5400 morts depuis mars selon l'ONU, est bloquée au Conseil de sécurité par Moscou, qui s'oppose fermement à toute ingérence dans le conflit. De leur côté, les monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) ont décidé, hier, d'emboîter le pas à l'Arabie Saoudite et de retirer leurs observateurs de la mission arabe en Syrie. Dans un communiqué, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), regroupant ces six monarchies, a annoncé que ses «Etats membres ont décidé d'adhérer à la décision du royaume saoudien et de retirer leurs observateurs de la mission de la Ligue arabe» en Syrie, accusant Damas de ne pas se conformer au plan arabe de sortie de crise. Les six membres du CCG ont en outre appelé le Conseil de sécurité à «entreprendre toutes les mesures nécessaires pour exercer des pressions» sur la Syrie et «l'amener à appliquer le plan arabe de paix» prévoyant un arrêt des violences dans ce pays. Ils ont indiqué avoir pris leur décision en raison de «la poursuite de l'effusion du sang et des tueries des innocents», selon le communiqué. Ces développements interviennent au lendemain du rejet par les autorités syriennes d'une nouvelle initiative arabe, adoptée dimanche au Caire, et prévoyant à terme un départ du président Bachar Al Assad. Cette initiative appelle le Président syrien à déléguer «des prérogatives au vice-président pour traiter avec un gouvernement d'union nationale» appelé à être «formé dans les deux mois», selon un communiqué publié après une réunion ministérielle de la Ligue au Caire. L'Arabie Saoudite a annoncé dimanche le retrait de ses observateurs de la mission arabe. Riyad a pris cette décision «car le gouvernement syrien n'a respecté aucune des clauses» du plan arabe de sortie de crise, a indiqué son ministre des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Fayçal. Une délégation arabe de haut rang devrait se rendre à Moscou pour lui demander de changer sa position favorable au régime du président Al Assad, a rapporté hier le quotidien koweïtien Al Qabas.