Regroupés en association, les porteurs de projets réclament un accompagnement dans le lancement de leurs activités. Des jeunes porteurs de projets lancés dans le cadre des organismes de soutien à l'emploi (Ansej, Angem et Cnac) sont confrontés à des difficultés dans la wilaya de Tizi Ouzou, liées à une mauvaise préparation à affronter la dure réalité du marché. Que leurs projets relèvent du secteur du bâtiment, des transports ou de l'agroalimentaire, ils font face aux mêmes rigueurs du terrain. Regroupés en association, les jeunes déclarent : «Du statut de chômeurs, nous sommes passés à celui de chômeurs endettés.» En gestation depuis deux ans, l'idée de l'association a fini par devenir réalité dans la ville de Fréha. Le président, Ali Leham, nous dit que l'association compte 1200 adhérents. Que ce soit à Mechtras, à Draâ El Mizan, à Boghni, à Ouacifs, à Mekla ou à Azazga, les difficultés, particulièrement financières, sont les mêmes. «C'est le harcèlement des banques» qui a été le point de départ pour la création de cette association, soutient-on. Les promoteurs, d'après nos interlocuteurs, n'ont bénéficié d'aucune mesure d'accompagnement dans la phase de lancement de leurs entreprises. De leur avis, les engagements faits par l'Ansej, la Cnac ou l'Angem à travers les journées dites «portes ouvertes» sont restés sans lendemains. Au même temps, la liste des jeunes en butte aux aléas du terrain s'allonge. Des petites entreprises dans l'agroalimentaire, dans la fabrication, la transformation ou la confection, peinent à écouler leurs produits. Ce n'est pas lié à la qualité de la production, dira M. Messis, vice-président de l'association. Les consommateurs, par mimétisme, préfèrent les marques des gros industriels. La confection locale a été asphyxiée par l'inondation du marché par la friperie, mais surtout par les produits asiatiques. Ceux qui ont investi dans les transports sont classés à la même enseigne, du fait de la saturation du secteur. Nos interlocuteurs citent le cas des camions de plusieurs de leurs adhérents stationnés dans des parkings privés à Fréha. Pour le secteur du bâtiment, certains artisans maintiennent leurs activités par le biais de la sous-traitance. Sa récente interdiction, dans certains cas, a été fatale pour bon nombre d'entre eux. Comme on nous le fait savoir, il y a même ceux qui ont été escroqués et ils ne peuvent pas obtenir gain de cause car ne disposant d'aucune preuve ! L'association reconnaît que l'Etat, par le biais de ces organismes, a financé des jeunes à monter leurs entreprises. Mais la majorité n'est pas encore prête à rembourser les emprunts contractés, à l'image de la conserverie d'Azeffoun. Loin de faire dans le social, les banques insistent pour récupérer son argent. Dès lors, c'est l'affolement au sein des promoteurs dont l'activité tourne au ralenti. Les hautes autorités du pays sont saisies. Les entretiens avec les responsables locaux des organismes publics pour une meilleure flexibilité dans le remboursement des crédits n'ont pour l'instant donné aucun fruit, note l'association. Celle-ci a élaboré une plate forme de revendications qui s'articule, entre autres, autour de l'accélération de la remise des attestations d'exonération d'impôts aux promoteurs ainsi que la réservation d'au moins 40% des parts de marché dans les projets étatiques (PCD et PSD).