Les premiers résultats aux examens du Diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS) ont suscité des interrogations au sein de la corporation. Les taux de réussite au niveau national sont jugés extrêmement faibles comparativement aux années précédentes. Si certains imputent la responsabilité aux formateurs et à la qualité de la formation, d'autres parlent de représailles contre les médecins résidents qui ont défrayé la chronique au cours de l'année 2011 avec un mouvement de protestation de quatre mois contre les conditions de travail dans les hôpitaux et la qualité de la formation pédagogique. Ainsi, ces premiers résultats concernent les DEMS en orthopédie et en microbiologie, deux spécialités fortement demandées, notamment dans certaines villes du pays et particulièrement dans le Sud. La promotion de 81 résidents en orthopédie n'a vu la réussite que de 7 candidats au niveau national, alors que le taux avoisinait les 90% pour les dernières promotions. La faculté de médecine d'Alger a enregistré deux admis ; les cinq autres lauréats sont répartis sur Blida, Annaba, Oran et Constantine. Il en est de même pour la microbiologie où le taux de réussite a atteint un niveau très bas. «Nous n'arrivons pas à expliquer des taux de réussite pareils. Nous nous interrogeons sur les raisons de ces échecs. Est-ce de la faute des formateurs qui ont mal assuré la formation ou les étudiants n'ont donc rien compris ? Ou bien s'agit-il d'une punition contre des étudiants qui ont osé dénoncer une situation catastrophique du secteur de la santé et exiger leurs droits les plus élémentaires ?», s'interrogent des résidents, qui appréhendent d'ores et déjà les prochains résultats des autres spécialités telles que la chirurgie générale, la gynécologie, la pédiatrie, etc. Ils déplorent aussi l'inexistence de barème ni de corrigé-type qui leur permettrait d'envisager des recours. 80 candidats en une journée Interrogé à ce propos, un professeur en orthopédie d'un établissement hospitalier de la capitale, estime que les résultats du DEMS orthopédie sont une hécatombe. Pour lui, il est hors de question d'incriminer le niveau des étudiants. Ce n'est pas à un examen qu'on peut évaluer tout le niveau d'un étudiant en spécialité, estime-t-il : «Ce sont plutôt les conditions dans lesquelles devait se dérouler l'examen qui ont été bafouées.» Pour lui, il est inacceptable de faire passer un examen de DEMS en une journée à 80 candidats. «Il devait s'étaler sur 5 à 6 jours, conformément à la réglementation. Il est également anormal de faire passer 80 candidats au même moment sur la même question», s'offusque-t-il, avant de signaler que le sujet de l'examen comportait des questions difficiles par rapport à la spécialité, que ce soit sur la théorie ou sur la pratique, alors que généralement, le candidat est examiné sur ses connaissances de base en orthopédie. «On ne peut pas poser une question à un étudiant en spécialité sur ce qu'il ne peut acquérir qu'après de longues années de pratique», signale-t-il, tout en faisant part de son inquiétude du malaise qui touche le secteur.