Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a rendu publics hier des chiffres «qui font froid dans le dos» en matière de violence dans le milieu scolaire. Selon une enquête menée par ce syndicat, 25 000 cas de violence ont été enregistrés au cours de l'année scolaire 2010/2011. L'étude révèle que l'Algérie est tête en ce qui concerne la violence scolaire au Maghreb, puisque l'année scolaire 2010-2011 a vu le nombre d'actes de brutalité atteindre les 25 000 cas. «40% des élèves ont des comportements violents et 60% ont subi des actes de violence», précisent les enquêteurs. Aucun palier n'est épargné par ce phénomène. Selon l'étude, 3500 cas de violence entre élèves ont été enregistrés dans le primaire. Le nombre est plus important dans les CEM, où l'on a recensé plus de 13 000 cas. Dans le secondaire, plus de 3000 cas de violence entre élèves ont été signalés, selon les chiffres fournis par le CLA. Des enseignants sont également incriminés. Cette étude relève que 1942 actes de violence ont été commis par des enseignants sur leurs élèves durant la période précitée. Le CLA tire la sonnette d'alarme en ce qui concerne les violences subies par les professeurs agressés par des élèves. Tous les paliers sont concernés. Au primaire, 201 cas ont été signalés ; au CEM, 2899 enseignants ont été violentés par leurs élèves alors que dans le secondaire, l'enquête fait état de 1455 cas. Le CLA souligne aussi que 501 cas de violences entre enseignants ont été enregistrés durant la même année scolaire. «L'enquête prend en considération uniquement les actes de violence, physique déclarés, soit à l'administration ou aux autorités compétentes (agression à l'arme blanche)», précisent les enquêteurs, qui disent n'avoir pas tenu compte des aspects liés à la violence verbale, à l'insulte ou aux autres formes de dérapage. Le syndicat désigne la surcharge des classes comme principal facteur conduisant à tous types de dérapage. «Les classes fonctionnent à plus de 20% de leur capacité. L'élève et l'enseignant sont exposés au surmenage et à la perte de contrôle pouvant provoquer des actes de violence des deux parties», précise la même source. L'absence de prise en charge des «enseignants dépressifs» après plusieurs années de travail est un autre facteur qui les pousse à être violents. «L'affectation des enseignants vers d'autres postes ou leur prise en charge psychologique pourraient réduire de l'ampleur du phénomène», estime Iddir Achour, secrétaire général du CLA. Les représentants des enseignants estiment que la différence d'âge entre les élèves pourrait être derrière les comportements violents de certains d'entre eux. Un élève de 15 ans qui est toujours au primaire peut-il «cohabiter» avec un enfant de moins de 10 ans dans la même classe ? L'étude est rendue publique au moment où la photo d'un enseignant «tabassé», il y a quelques jours par un élève à Jedouia, dans la wilaya de Relizane, fait polémique. Le ministre de l'Education nationale a réfuté «tout lien» entre l'enseignant qui a été agressé et les photos choquantes publiées. Le ministre qualifie de «mensonge» ce qui a été publié à propos de l'agression et a donné instruction au directeur de l'éducation de Relizane de «rendre public un communiqué comportant les informations et les détails de cette affaire». Simple fuite en avant, commente le CLA : «Le problème est autre qu'une photo publiée sur facebook ou dans les journaux.»