Le phénomène est inquiétant. Plus. Alarmant ! Il a atteint un seuil intolérable. Il vient s'ajouter à la liste noire des maux dont souffre l'école algérienne. Parallèlement à la baisse du niveau des élèves et de celui des enseignants, au taux effarant de déperdition scolaire, ainsi qu'à la dégradation des langues étrangères et des sciences exactes, il y a, ces dernières années, un fléau qui ne fait que prendre de l'ampleur : la violence dans les écoles, que ce soit du côté des élèves ou des enseignants. Les affaires de ce genre se multiplient et les dossiers finissent, dans la majorité des cas, par atterrir chez les juges. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que la presse, via les correspondants locaux, ne relate un fait lié à la violence dans les écoles. Les actes brutaux se répètent. Des enseignants punissent leurs élèves en utilisant les manières les plus brutales. L'usage du châtiment corporel n'est, en effet, pas près de disparaître de nos écoles. Il a été banalisé à force d'être utilisé. Et ce, en dépit de l'interdiction du ministère de l'Education nationale, puisque les châtiments corporels et le harcèlement moral sont proscrits dans la loi d'orientation sur l'éducation nationale. L'article 21 stipule que «toute forme de violence et de harcèlement moral sont proscrits dans l'enceinte des établissements scolaires. Les auteurs de ces violences s'exposent à des sanctions administratives et à des poursuites judiciaires». La nouvelle loi oblige en parallèle les élèves à manifester du respect à l'égard du corps enseignant. «L'élève est tenu de respecter le règlement intérieur de l'établissement et de bien se conduire.» L'article 20 le stipule clairement. Or, ce qui se produit actuellement est en contradiction totale avec cette loi, bafouée des deux côtés. En effet, si les enseignants se permettent des sévices corporels et des injures insupportables à l'égard de leurs élèves, ces derniers aussi commencent à user de violences envers leurs «éducateurs». Le temps du respect mutuel semble révolu à la lumière de ce qui se passe. Tous les moyens sont bons pour manifester cette violence sans cesse grandissante. Le constat des syndicalistes dévoile une multitude de formes d'agressions et des chiffres qui incitent à réfléchir sur les moyens de freiner ces pratiques. Selon le Conseil des lycées d'Alger (CLA), 25 000 actes de violence se sont produits durant l'année scolaire précédente, 40% des élèves ont des comportements agressifs et 60% d'entre eux ont subi ces actes. De la violence naît la violence. Du «hooliganisme» des stades et de la rue, on est passé au «hooliganisme» dans les écoles, c'est-à-dire dans les lieux de savoir et d'apprentissage. Quand la pédagogie et la psychologie ou tout simplement l'art d'apprendre fait défaut… S. I.