Alors que l'on crie sur tous les toits que le sport algérien est à la dérive, nous voulons citer un exemple qui nous laissera méditer sur les options de régression et les déperditions de nos experts. Il s'agit de Adoul Amara qui, en août 2011, a obtenu, à Milan (Italie), le titre de hachidan, 8e dan du karaté-do, et qui actuellement active à la fédération… du tir sportif. Pour préciser ce statut dans cette discipline des arts martiaux, il faut savoir que ce titre lui a permis de rejoindre le cercle fermé des maîtres experts de 8e dan, c'est dire qu'il s'est placé parmi les grands de cet art. Il donne ainsi les plus belles lettres de noblesse au karaté-do algérien en le positionnant dans le gotha mondial. Un bref aperçu sur l'itinéraire de Adoul Amara nous fera découvrir un être pétri de qualités et forgé par les enseignements qui l'ont guidé vers la voie de cet art qui le passionne. Né le 14 avril 1957 à Alger, Amara débute la pratique du karaté-do dès son jeune âge. Mis au placard Universitaire à Paris, il continue de progresser dans son art auprès des grands maîtres japonais, Sensei Kase, Enoeda, Shirai et autres. De 1979 à 1986, il enseigne le karaté-do au Centre international des arts à Paris 14e. Puis il est directeur technique national et entraîneur national en chef de haut niveau en Algérie. Ses actions et son apport sont indéniablement reconnus par tous et il fera honneur à son pays. Mais la bêtise humaine et la jalousie aidant le brisent dans son élan. Il sera mis au placard comme on dit en termes crus. Etant cadre du MJS, celui-ci s'est retrouvé dans une autre fédération qui l'a accueilli, celle du tir sportif. Ainsi, notre karaté-do perd une compétence de niveau mondial. Les valeurs intrinsèques de Adoul dans sa spécialité ne sont pas mises à profit par notre élite montante. C'est de cette manière que notre sport est ruiné. Toutefois, notre maître expert, éloigné de l'élite, demeure en contact avec sa discipline et fonde son école Tode Shinkaido Karate-do en prenant comme source d'inspiration l'école Kase ha. Il est également auteur de plusieurs ouvrages sur la discipline, contribuant de la sorte avec des moyens didactiques et ludique à la connaissance de l'art. Enfin, une question qui taraude l'esprit de toute personne le connaissant : «Au MJS, est-ce qu'on sait qu'on a un maître expert 8e dan qui au lieu d'être sur un tatami est en train de compter des cartouches ?»