Après avoir été adulé, le pouvoir militaire est aujourd'hui honni par la population égyptienne qui réclame son départ immédiat. Le pouvoir militaire en Egypte est plus que jamais sur la corde raide. Après avoir été adulé au début de la révolution, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) est prié aujourd'hui de faire ses valises par la population égyptienne qui est plus qu'excédée par son jeu trouble et son rapprochement avec les islamistes.
Mais la raison essentielle de la colère de la rue égyptienne tient surtout au fait que les militaires refusent de rendre le pouvoir aux civils. C'est ainsi qu'au lendemain des heurts qui ont fait trois morts et des centaines de blessés dans le pays, les affrontements ont repris durant l'après-midi d'hier au Caire et à Suez (nord-est). Le manifestants ont de nouveau réclamé le départ du pouvoir militaire. Des organisations pro-démocratie ont appelé les manifestants à se rassembler en masse pour réclamer la démission immédiate du CSFA dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui. Des centaines de personnes étaient en effet rassemblées pour la prière du vendredi sur l'emblématique place Tahrir, arborant des drapeaux et scandant des slogans hostiles au régime militaire qui gère le pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, il y a près d'un an. Des affrontements, rapportent plusieurs agences de presse, ont également repris entre policiers et manifestants à Suez, où ces violences ont fait deux morts dans la nuit de jeudi à vendredi. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à la chevrotine pour tenter de disperser les manifestants. Des ambulances ont dû évacuer les blessés sous une pluie de pierres. Preuve de la violence des manifestations : le ministère de l'Intérieur a fait état de 1482 blessés. Régulièrement accusé de mal gérer cette transition, le pouvoir militaire égyptien est désormais tenu pour responsable des 74 morts et des centaines de blessés mercredi au stade de Port-Saïd (nord) après la première défaite de la saison pour le célèbre club cairote Al Ahly face aux locaux d'Al Masry (3-1). Les Ultras d'Al Ahly, groupe de supporters parmi les plus fervents et les plus organisés, ont participé à la révolte contre Hosni Moubarak et pris part aux manifestations hostiles à l'armée et la police, ce qui alimente sur les réseaux sociaux les soupçons d'une «vengeance» contre eux mercredi. Ce drame avait déjà provoqué jeudi des manifestations dans le pays contre l'inertie des forces de sécurité, relançant la contestation contre les autorités et l'incertitude sur la transition. Les Egyptiens sont, en effet, de plus en plus exaspérés par le pouvoir militaire accusé de violations des droits de l'homme et réclament depuis des mois la fin des procès de civils devant des tribunaux militaires, une refonte du ministère de l'Intérieur et le respect des libertés et de la justice sociale. De son côté, le CSFA s'est engagé à maintes reprises à céder ses pouvoirs aux civils après la présidentielle prévue d'ici fin juin. Il avait avancé l'exemple des élections législativ+es remportées par les islamistes pour preuve de sa bonne foi. Mais cela n'a pas calmé les esprits et maintes personnalités et organisations de défense des droits de l'homme estiment que les militaires chercheront à garder certains pouvoirs.