La région, à la faveur d'une dépréciation climatique rare, a retrempé dans le froid glacial. L'espace de quelques jours, Tiaret oublie ses tourments à la suite des émeutes qui l'ont secouée du fait de l'immolation du jeune Gacem Hicham. La région, à la faveur d'une dépréciation climatique rare, a retrempé dans le froid glacial. Au propre et au figuré avec, en sus, d'épaisses couches de neige qui embellissaient le relief montagneux et fortement boisé. Une tempête qui a commencé à s'abattre dès vendredi soir, transformant le paysage, suscitant beaucoup de joie mais non sans générer des désagréments. Beaucoup de désagréments dès samedi et dimanche avant que les chasse-neige ne commencent à dégager les voies de circulations. Aux routes nationales et locales coupées en plusieurs endroits, le nœud gordien de tous les points noirs liés à la circulation routière à Tiaret, le col de Guertoufa, long de 7 km, est resté longtemps coupé aux usagers du transport. Une situation qui a contraint beaucoup de citoyens à rallier à pied le chef-lieu de wilaya avec tous les ennuis qu'un tel parcours génère sur la santé des citoyens, notamment les enfants et les vieux, pour certains forcés de joindre Tiaret pour une raison ou pour une autre. Ceux contraints à rester sur place ont vu se tisser autour d'eux un véritable élan de solidarité citoyenne. Au-delà de la situation, beaucoup se demandent à quoi servent les BMS émis par les services de la météo aux services habilités à parer à cet aléa climatique en temps réel. Tenter d'alerter sur cette situation au numéro vert, le 1055, relevait d'une gageure tant les questions à notre préoccupation s'apparentaient à un supplice. Le premier communiqué officiel tomba finalement lundi pour annoncer «la mise sur pied d'une cellule de crise» et «les missions qui lui sont dévolues sous l'autorité du wali». Pendant ce temps là, Beaucoup de gens n'ont cessé d'assaillir par téléphone la radio locale pour annoncer «l'absence de gaz butane» non sans demander à la société Naftal de voler à leurs secours. Les communes de Tousnina, celle de Sidi Bakhti, sa plaine et ses douars, «Lougbab», «Sebaine», «Ain-Frid», «Ouled El Hadj» et même au chef-lieu de wilaya au niveau de la cité Chaib Mohamed pour ne citer que ceux-ci, les gens manquaient de gaz butane et leurs familles grelottaient de froid. Certains, à l'exemple des gens de la commune de Takhmaret, 100 km à l'extrême ouest de Tiaret, font savoir qu'«ils n'ont même pas pu se procurer du gaz butane dans la wilaya voisine, Mascara». Les mêmes préoccupations ont été soulevées par les habitants de la daïra de Mechraa-Sfa dont la commune de Guertoufa. L'offre de la bouteille de gaz butane n'est pas régulière voire en-deçà de la demande, très forte en ces périodes de grands froids. Au-delà de cette situation, générée par la fermeture des voies de communications et des réponses apportées par un cadre de Naftal, se posait en filigrane la question du monopole. Mise en place d'une cellule de crise Une entreprise locale, une des quatorze à l'échelle nationale qui fait dans l'enfûtage et avait jusque là comblé le vide, crie au retour du monopole depuis que Sonatrach privilégie la société nationale, Naftal. Cette dernière, une entreprise à vocation commerciale, jouit de privilèges et venait d'imposer de nouvelles dispositions que les patrons des centres enfûteurs qualifient de «diktat» du fait d'un contentieux lié à la location de bouteilles de 13 kilogrammes. Sans vouloir incriminer quiconque, il est de notoriété que l'organisation des secours fut lente bien que, tout au début, l'élan de solidarité des citoyens, conjugué à l'intervention des éléments de l'ANP, de la protection civile, de la DTP (direction des travaux publics) et des communaux ont atténué pour beaucoup la détresse des gens qui ont passé la nuit sur le col de Guertoufa. Par crainte de risques d'avalanches, la circulation fut détournée vers le contournement nord pour pénétrer Tiaret. La direction de l'éducation décida qu'il n'y aura pas cours lundi dans 12 des 14 daïras. Mardi il fut enregistré une reprise timide et même problématique. Des enseignants à Rahouia venaient de refuser de dispenser des cours à cause de la défectuosité de l'étanchéité et certains autres établissements ont chômé du fait de l'absence d'électricité, de gaz ou du mazout. L'équipe de l'US Biskra a dû, elle aussi, passer la nuit à Tiaret alors qu'elle se dirigeait vers la ville de Sidi Bel Abbès. Le plus grand mal a été celui ressenti par les malades, notamment les dialysés (es) qui durent s'abstenir de séances de dialyse. Certaines unités de transport sanitaire, à l'exemple de celles de la région de Frenda, ont été carrément pris au piège avant de rallier l'enceinte sanitaire sur le tard. Il faudrait, au-delà de ce triste tableau, saluer l'abnégation de certains boulangers qui ont continué, souvent avec risques, à fournir du pain aux citoyens. Au niveau de l'hôpital Youssef Damerdji, les UMC n'ont pas chômé puisque de nombreux blessés furent pris en charge à cause des chutes, accentuées hier mercredi par le verglas.