L'armée syrienne a bombardé à l'artillerie lourde la ville rebelle de Homs pour le cinquième jour consécutif faisant au moins 50 morts hier, selon les militants, en dépit de l'engagement du président Bachar Al Assad auprès de son allié russe à cesser l'effusion de sang. Les forces du régime ont pilonné aux roquettes et obus de mortier Homs (centre) pour écraser la révolte dans cette ville où les télécommunications et l'électricité ont été coupées, les infrastructures détruites et la nourriture se fait de plus en plus rare, ont dit les militants. Mais le pouvoir, qui se refuse à reconnaître le mouvement de contestation depuis son début en mars 2011, a affirmé que ses forces y pourchassaient les «groupes terroristes» accusés d'être à l'origine des violences contre les civils, en faisant état de morts dans l'explosion d'une «voiture piégée». Ce redoublement de violences, qui a fait 12 morts ailleurs en Syrie, selon les militants, survient dans un contexte de blocage diplomatique après le veto russe et chinois à un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression de la révolte et prévoyant une transition politique. Malgré l'indignation des Occidentaux face à ce veto, la Russie, un allié du régime, a continué à opter pour la non- ingérence en Syrie, au lendemain d'une rencontre à Damas de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov avec M. Al Assad. «Notre tâche, c'est de les aider (aux Syriens) sans aucune forme d'ingérence», a dit le Premier ministre, Vladimir Poutine, dont le pays refuse d'évoquer un départ de M. Assad en estimant que son sort devait être réglé par «les Syriens eux-mêmes». A son tour, le président russe, Dmitri Medvedev, a jugé que la recherche d'une solution devait continuer, «y compris au Conseil de sécurité de l'ONU». Mardi, M. Al Assad s'est engagé devant M. Lavrov à «faire cesser les violences d'où qu'elles viennent», selon le ministre russe. Mais les Occidentaux ont aussitôt exprimé leur scepticisme, le régime syrien ayant alterné depuis le début de la révolte, promesses de réformes et escalade de la répression. Face au blocage à l'ONU, plusieurs pays en faveur d'une condamnation du régime syrien ont pris des mesures unilatérales pour accentuer son isolement après des sanctions occidentales qui n'ont pas encore réussi à le faire plier. Ainsi, les Etats-Unis ont fermé leur ambassade, plusieurs pays européens ont rappelé leurs ambassadeurs pour «consultations» et les six monarchies du Golfe ont décidé d'expulser les ambassadeurs de Syrie et de rappeler les leurs à Damas. Le scepticisme des Occidentaux Une réunion arabe est prévue dimanche au Caire pour décider de la suite à donner à la mission de leurs observateurs en Syrie. A ce sujet, l'organisation panarabe a démenti hier avoir retiré ses observateurs qui surveillent depuis le 26 décembre 2011 la situation dans ce pays, où prévaut un climat de contestation et de violence. «La chambre des opérations à Damas travaille toujours et le secrétariat général de la Ligue arabe n'a pas donné des instructions pour le retrait des observateurs de Damas», a affirmé son vice-président, Ali Djarrouch, cité par les agences de presse. Ce dernier a expliqué toutefois que «le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a décidé d'accorder aux observateurs des permissions pour qu'ils puissent rentrer chez eux, après l'arrêt de leur travail en Syrie pour des considérations sécuritaires». De son côté, l'Union européenne a annoncé se préparer, à titre de précaution, à une éventuelle évacuation de ses ressortissants de Syrie, au moment où plusieurs pays et organisations expriment leurs craintes d'une guerre civile. La Turquie a affirmé compter organiser «dans les plus brefs délais» une conférence internationale sur la crise syrienne. Mais entre-temps, la machine de guerre du régime continue inlassablement de réprimer la révolte, qui a fait plus de 6000 morts depuis près de 11 mois, selon les militants. «Plus de 400 civils ont été tués à Homs depuis vendredi soir», a déclaré Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Les forces du régime ont repris leur bombardement de la ville dès l'aube, faisant 50 morts, dont trois familles entières tuées dans leur domicile, a précisé l'OSDH.