Depuis 1984, le taux de pénétration du gaz de ville progresse de moins de 1% par année. Les intempéries de ce mois de février ont révélé au grand jour une défaillance majeure dans la gestion des affaires de la cité à Boumerdès. Il s'agit en fait de la faible couverture en alimentation en gaz naturel des villes et villages de la wilaya, qui n'a pas atteint les 40%. Le résultat, on l'a constaté pendant ces intempéries, a été désastreux : des milliers de citoyens se sont retrouvés à passer des journées entières à la recherche d'une bonbonne de gaz butane. En effet l'alimentation en gaz de ville sur tout le territoire de la wilaya est de seulement 37%. Elle était de 17% en 1984, lorsque Boumerdès accéda au rang de wilaya. Elle a progressé de 20% en plus de 25 ans, soit une évolution inférieure à1% par année. Ce qui est jugé «très faible» par les responsables eux-mêmes qui le comparent aux 70%, et même plus, réalisés dans d'autres wilayas. Une dizaine de communes ne sont pas encore alimentées en gaz de ville dans la wilaya. Ammal, Keddara, Kharouba, Afir, Larbatache, Ouled Heddadj, timezrit, Ouled Aissa dans la daira de Naciria et Taourga ne sont pas encore raccordées au réseau de distribution. Si la totalité des chefs-lieux de daira sont alimentés, il n'en demeure pas moins que d'importantes localités, situées dans la périphérie immédiate des grands centres urbains, comme H'laimia, Benmerzouga, Bentorkia (à Boudouaou), le village agricole de Si Mustapha, Ben Ouali à Cap Djinet, ne sont pas alimentés.Les citoyens dénoncent cet état des lieux et reprochent à l'Etat d'avoir négligé la wilaya de Boumerdès. La preuve est que pendant cette période difficile de tempête de neige, les populations étaient plus que pénalisées. «Nous n'avons même pas pu trouver du gaz butane. J'ai passé quatre jours à sillonner les quatre coins de la région de Bordj Menaiel à la recherche d'une bonbonne de gaz, en vain» nous dit un habitant des Issers, contacté par téléphone. «A Boumerdès, les responsables sont habitués à répondre par des promesses aux revendications des habitants. On nous a annoncé des projets de raccordement de 28 000 nouveaux foyers dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. Mais lorsqu'on voit que les 5500 prévus durant l'exercice 2010-2011 ne sont pas réalisés, on doute de la sincérité des pouvoirs publics», dit un entrepreneur de Boumerdès. En effet, les autorités se sont fixé comme objectif un taux de pénétration de 65% à l'horizon 2014. Cependant, au rythme où vont les choses, il y a peu de chances pour que cela se réalise. Beaucoup de problèmes semblent entraver ces projets, comme l'insécurité, l'opposition de certains propriétaires terriens et la rigidité des cahiers des charges qui dissuadent les entrepreneurs de soumissionner et d'avoir des projets avec Sonelgaz. Un autre habitant fait le lien entre l'exercice politique et la gestion des affaires de la cité. «Le pouvoir fraude pendant les élections pour mettre des médiocres au niveau des assemblées, afin de pouvoir les manipuler comme il veut. Les élections ont toujours été truquées dans cette wilaya. Jamais aucune consultation n'a été transparente. La fraude commence par l'élaboration des listes électorales et comme la région est dominée par la peur, les partis de la coalition et d'autres formations politiques qui les suivent tirent les dividendes. Dans les moments de vérité, personne ne se trouve aux cotés des habitants», dénonce Said, un militant d'un parti politique de Chabet. Pour lui, «cette épreuve a creusé davantage le fossé entre un pouvoir qui vit dans une bulle et la population qui endure les pires difficultés». Les retards de réalisations de projets d'alimentation en gaz de ville se sont répercutés sur la réalisation des travaux d'aménagement de routes dans plusieurs localités et quartiers des différentes communes de la wilaya. Car les autorités disent attendre l'achèvement des raccordements au réseau de gaz pour aménager les routes.