La tempête de neige qui isole, depuis plus d'une semaine, de nombreuses localités de la wilaya de Tizi Ouzou a provoqué de nombreux dégâts, notamment en haute montagne, où des villageois sont toujours livrés à eux-mêmes. A Abi Youcef, où l'épaisseur de la neige a atteint, en certains endroits, plus de deux mètres, c'est la mobilisation et la solidarité des citoyens qui a permis de désenclaver quelques villages comme Tizi Oumalou où a eu lieu, hier, l'enterrement du jeune homme décédé dimanche dernier sous une avalanche. «Les citoyens se sont mobilisés aux côtés de l'APC pour désenclaver plusieurs villages de notre commune», nous a expliqué Rachid Hammi, président de l'APC d'Abi Youcef, qui attend l'ouverture de la route vers le chef-lieu de wilaya pour pouvoir acheminer du gaz butane et du gasoil à partir de Oued Aïssi. Dans la commune d'Illiltene, en l'absence de l'aide promise par les pouvoirs publics, les villageois se sont mobilisés pour ouvrir une voie de communication vers Azazga afin de permettre aux commerçants de s'approvisionner en denrées alimentaires, car les étals de toutes épiceries sont vides, selon un citoyen du village de Tifilkou, qui ajoute que la neige a atteint plus de deux mètres dans le village de Tizit. A Aïn El Hammam, les intempéries ont provoqué des dégâts sur certains blocs de l'hôpital. Les toitures du service de pédiatrie, de la pharmacie, de la cantine se sont effondrées sous le poids de la neige, selon notre correspondant sur place, qui ajoute que les toitures des services d'hémodialyse et de gynécologie menacent de s'écrouler. Les éléments de la Protection civile, épaulés par les habitants de Taourirt Menguellet, sont intervenus pour sécuriser les malades. Il y a aussi le mur d'une salle omnisports nouvellement mise en service qui s'est écroulé. «Devant l'absence des autorités, c'est la population qui prend en charge l'opération de déneigement afin de sortir de cette situation très difficile», nous ont affirmé de nombreux citoyens que nous avons contactés. «Les propriétaires d'engins et de véhicules tout-terrain nous ont aidés. Nous rendons hommage à un citoyen qui a transformé son camion auto-école en un véhicule de transport de gaz butane pour tous les citoyens de la commune depuis le début des intempéries», nous ont-ils dit. A Aït Zikki, à environ 70 km au sud-est de Tizi Ouzou, même si la route vers le chef-lieu est dégagée, plusieurs villages sont toujours enclavés. «A présent, les commerçants peuvent sortir pour s'approvisionner en denrées alimentaires et en gaz butane. Je tiens à saluer la solidarité des villageois des communes avoisinantes qui se sont mobilisés. D'ailleurs, ils nous ont ramené même des produits alimentaires», nous a déclaré M. Amara, maire d'Aït Zikki. A Aït Reggane, dans la commune d'Agouni Gueghrane, daïra des Ouadhias, à environ 60 km au sud de Tizi Ouzou, la population est toujours en souffrance. «Même les engins de l'ANP n'ont pas pu, depuis trois jours, dégager la route principale desservant notre village.» «Des citoyens se mobilisent pour sortir de cette galère car les responsables nous ont oubliés», fulmine Rachid, un villageois qui nous a contacté pour nous faire part de la détresse des habitants de cette localité. Ce sont les citoyens des Ouacifs qui se constitués, hier, en caravane de solidarité pour amener des dons alimentaires aux habitants d'Aït Reggane, toujours isolés. Au chef-lieu de la commune de Bedjimaâ, à environ 25 km au nord de Tizi Ouzou, un lycée s'est partiellement effondré sous l'effet des intempéries. La situation est toujours préoccupante dans d'autres communes de la wilaya de Tizi Ouzou comme Illoula Oumalou, Imsouhal, Aghribs, Aït Chafaâ, Zekri, Akerrou, Bounouh, M'kira et Yakourène, où des villages sont encore dans le noir en raison des coupures d'électricité. Par ailleurs, jeudi, des étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour revendiquer, à travers cette action, des aides pour les villageois bloqués dans la montagne. L'annonce d'autres chutes de neige font naître de nouvelles inquiétudes dans les villages de haute montagne où des milliers de citoyens arrivent à peine à sortir de chez eux.