Après six jours d'isolement et sans aucune aide des pouvoirs publics, les villageois ont décidé d'entreprendre des actions de protestation pour manifester leur désarroi dans la wilaya de Tizi Ouzou. «La situation n'a pas évolué, au contraire, elle empire de plus en plus au point de susciter la colère des citoyens qui ne voient rien venir des pouvoirs publics. Les moyens de l'APC ne peuvent rien faire devant l'ampleur de cette tempête de neige», nous a expliqué, hier, le président de l'APC d'Aït Zikki, une commune perchée à plus 1400 mètres d'altitude, à environ 70 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, où les habitants ont procédé hier à la fermeture du siège de l'APC. Ils réclament des moyens de déneigement pour l'ouverture des accès à leurs villages. Ils n'ont reçu jusqu'à présent ni renfort matériel ni moyens promis par l'administration. «La direction des travaux publics nous a envoyé deux chargeurs et une niveleuse, mais ils ne sont pas efficaces. Les secours n'arrivent pas et la population reste toujours pénalisée, sans moyens de déneigement, sans denrées alimentaires ni gaz butane», a ajouté M. Amara, qui réitère son appel aux pouvoirs publics à intervenir pour venir en aide aux citoyens de sa commune qui lancent, chaque jour, des cris de détresse mais sans aucune suite. Les responsables de l'administration se contentent, s'insurge-t-on, de «de voiler la réalité du terrain à travers leurs interventions dans les medias». Les villageois d'Aït Zikki n'ont pas encore reçu l'aide promise par les pouvoirs publics. Désarroi Ils ont rencontré, hier après-midi, après avoir marché à pied sur dix kilomètres, le chef de daïra de Bouzguène et le président de l'APC. Des citoyens d'autres localités de la wilaya de Tizi Ouzou sont toujours dans le désarroi au point de sortir dans la rue pour se faire entendre. C'est le cas des habitants des villages de Aït Khercha et Ihidoussene, dans la commune de Tadmait (20 km à l'est de Tizi Ouzou), qui ont fermé, hier, la RN12 reliant Tizi Ouzou à Alger. Dans d'autres communes, notamment en Haute-Kabylie, les citoyens sont toujours abandonnés à leur sort et ne savent plus à quel saint se vouer. Leurs cris d'alarme sont restés vains. «On est dans l'isolement et personne n'a pensé à nous, à l'exception de notre président d'APC qui est avec les citoyens en ces moments difficiles. Il a mis les moyens de l'APC qui sont malheureusement insuffisants pour faire face à cette exceptionnelle tempête de neige qui a enclavé la région. Au lieu de déclencher un plan d'urgence national pour désenclaver les localités sinistrées par ces fortes intempéries, le Conseil des ministres a décidé de l'augmentation du nombre de sièges à l'APN alors que dans ces circonstances difficiles, les députés sont absents sur le terrain», clame avec beaucoup de colère un citoyen d'Iferhounène, qui nous a affirmé aussi que la vie est dure dans cette commune située à 60 km au sud-est de Tizi Ouzou. «Ici, il n'y a ni ravitaillement, ni gaz butane, ni pain. D'ailleurs, un épicier de notre village a dû rationner la semoule à dix kilos par foyer, afin de permettre à toutes les familles de s'approvisionner. L'eau du robinet est gelée. C'est une situation apocalyptique», nous a-t-il ajouté. A Illiltene, toujours au pied du Djurdjura, les villageois sont dans la détresse. Ils sont livrés à eux-mêmes en l'absence d'équipements de déneigement, ceux de l'APC n'arrivant plus à déblayer les routes où la neige a atteint plus de 2 mètres d'épaisseur. «L'alerte est au rouge. L'évacuation des malades, même avec des véhicules tout-terrain, est presque impossible. On a dû transférer vers l'hôpital une femme qui devait accoucher à l'aide d'un engin de déneigement. C'est intenable», fulmine Rachid, un jeune d'Illiltene. Dans la commune voisine d'Imsouhal, les citoyens vivent le calvaire. Ils ont d'ailleurs observé, hier, un sit-in devant la mairie pour dénoncer l'indifférence des pouvoir publics.