C'est la souffrance», lance d'emblée M. Fahem, maire de M'kira, dans la daïra de Tizi Ghenif, à une soixantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Tizi Ouzou. «Le camion de Naftal qui devait approvisionner notre commune a été intercepté et vidé par des citoyens, en manque de gaz, eux aussi, au niveau de Aït Yahia Moussa. Nous allons voir s'il y a possibilité d'escorter ces camions par les services de sécurité», a ajouté, dépité l'élu. «Nous avons envoyé des camions aux centres enfûteurs de Oued Aïssi et de Fréha, mais ils ne sont pas encore servis. Le problème, aussi, c'est qu'ils ne vous servent jamais la quantité que vous demandez. Le seul camion qui est revenu, ce matin, est rentré avec 15 bouteilles seulement sur les 80 qu'on lui avait chargées.» Les élus redoutent le pire les jours prochains, si les intempéries persistent. De nombreuses localités ont été, d'ailleurs, orientées vers Alger, pour leur approvisionnement. Désormais, Naftal, qui dispose de 3 chaînes de production à Oued Aïssi et Fréha, et trois dépôts, semble incapable de satisfaire la population locale. «Aucune bouteille n'est arrivée à Abi Youcef, malgré le mal que nous nous sommes donnés pour ouvrir les routes. Nous sommes allés chercher du gaz butane dans la localité de Baraki, à Alger, mais nos camions ont été arrêtés au niveau de la même commune par les services de sécurité. Nous avons envoyé 7 camions chargés de 1700 bouteilles vides qui sont coincés, actuellement (hier à 12h, ndlr), au niveau de Baraki. Les échos qui me sont parvenus ne sont pas bons, voire désolants ; les autorités empêchent les camions d'avancer. Ils sont bloqués !», s'écrie M. Hami, maire de la commune d'Abi Youcef, une localité qui culmine à 1200 m d'altitude. Du côté d'Iboudrarene, à 45 km au sud-est de Tizi Ouzou, M. Smaïli, adjoint au maire, a dénoncé pour sa part la gestion par Naftal du plan d'approvisionnement : «Nous avons demandé aux responsables de Naftal de nous envoyer leurs camions chargés tout en leur garantissant le retour des bouteilles vides, mais ils ont refusé. En dépit de cette situation de crise, ils s'encombrent de procédures administratives», fulmine M. Smaïli, qui affirme que les bouteilles de gaz butane arrivent au compte-gouttes pendant que l'administration s'enorgueillit d'avoir mis tous les moyens pour servir tous les citoyens. «Nous avons signé des autorisations aux camionneurs privés pour nous approvisionner de Ouadhias, mais sur 70 bouteilles, ils ne vous remettent que la moitié, soit 35 bonbonnes», a-t-il indiqué. Et d'ajouter : «Les gérants de station-service de Naftal à Ouadhias, qui subissent depuis plusieurs jours la pression de la population, nous ont orientés vers le centre enfûteur de Oued Aïssi.» La rareté du gaz butane a induit son rationnement à une bouteille par famille, à Idjeur, dans la daïra de Bouzgene. Les citoyens de cette commune se sont organisés pour acheminer le gaz butane jusqu'aux villages isolés. «Il y a des camionneurs qui ont passé plusieurs nuits devant ce centre. Ce qui retarde la livraison des bouteilles, et l'indisponibilité du gaz butane en vrac est le fait que Naftal ne dispose pas assez de moyens de locomotion», dit M. Raâb, maire de Idjeur. Tout compte fait, la population de Fréha s'est solidarisée avec ses concitoyens en les approvisionnant en nourriture et boissons chaudes, de nuit comme de jour, ajoute notre interlocuteur. A Larbaâ Nath Irathen, qui culmine à 1000 m d'altitude, une longue file se forme depuis 4 jours devant la station-service de Naftal. «Il y a un manque flagrant. La situation reste difficile. Et ce sont les comités de village qui se sont organisés en conséquence pour livrer le gaz butane dans leurs villages respectifs, à partir du centre enfûteur de Oued Aïssi», a déclaré le maire de LNI, Hocine Lounis.