Samedi vers 20h, la RN44, l'artère vitale de la wilaya d'El Tarf, était simultanément coupée en trois endroits différents par les habitants de Bouteldja, du lac des Oiseaux et de Ben Mhidi. La veille, c'était le même topo un peu plus à l'ouest, à Besbès et Dréan. Hier, il était impossible de se rendre à El Kala sans faire un large détour. Les manifestants réclament du gaz butane et qu'on les protège contre les inondations. La forte demande de gaz butane, qui a explosé avec la vague de froid, a, bien entendu, favorisé la spéculation et des vocations. Dans les régions frontalières boisées, la population se rue aussi sur les bonbonnes, mais elle se chauffe au bois. La raison est que l'autre versant des monts de Kroumirie, qui font frontière avec la Tunisie, où des villages sont enneigés et enclavés aussi, la bonbonne de gaz est revendue à 100 dinars tunisiens, soit 7000 DA. La vague de froid a boosté la contrebande. Le centre enfûteur de Metroha (El Tarf), même en triplant sa production qui est passée de 3500 à 10 500 bonbonnes/jour, a-t-on appris lors d'un point de presse animé par le wali d'El Tarf, n'arrive manifestement pas à faire face à la demande. Selon le chef de l'exécutif, El Tarf est relativement épargnée par les inondations cette année grâce aux curages effectués par prévention. Une satisfaction que ne semblent pas partager les habitants de la zone de Righia, qui vivent constamment les pieds dans l'eau au sens propre du mot. En effet, les trois barrages de la région, le Bougous, le Mexa et le Cheffia, sont pleins à ras bord et c'est là que réside la plus grande crainte des populations, qui vivent dans les zones d'épandage de l'oued Kébir. Le Mexa est à 37 millions de mètres cubes alors que sa capacité est de 30 millions de mètres cubes, le Bougous est à 67,1 millions de mètres cubes alors que sa capacité est de 66 millions de mètres cubes et le Cheffia enregistre 86,6% de remplissage, soit 134 millions de mètres cubes pour une capacité de 156 millions. Ce dernier a été contraint d'effectuer des lâchers. Il est déjà tombé entre 120 et 150 mm de pluie et ce n'est pas encore fini, selon les services de la météo. Avec toute cette eau, des agglomérations d'El Kala ne sont pas alimentées en eau potable depuis plusieurs jours et des établissements scolaires, comme le lycée et certains collèges, ont renvoyé, hier encore, leurs élèves pour la troisième semaine consécutive.