L'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication en Tunisie (INRIC), chargée des médias, a dénoncé hier «un double langage du gouvernement» et déploré le manque de décision susceptible de protéger la liberté de la presse. «L'INRIC exprime sa profonde préoccupation face au double langage du gouvernement concernant le secteur de l'information (...) et s'étonne de la multiplication des déclarations contradictoires et discordantes» relatives à ce secteur, a précisé son président, Kamel Labidi, dans un communiqué. M. Labidi a regretté que les appels adressés aux présidents de la République et de l'Assemblée constituante ainsi qu'au chef du gouvernement pour «engager des actions concrètes pour protéger la liberté de la presse et garantir l'indépendance des médias n'aient pas été suivies d'effet». Il s'est également indigné de la récente nomination d'un nouveau responsable à la tête de «Zitouna», une radio tunisienne privée à vocation islamique. «Il s'agit d'une soumission totale à des interventions illégales. Cela constitue un précédent grave» puisque la justice tunisienne avait désigné un administrateur judiciaire, l'universitaire Iqbal Gharbi, à la tête de cette radio. Des employés de Zitouna ont protesté contre la nomination de Mme Gharbi, mettant en cause son «appartenance politique d'extrême gauche» et affirmant qu'elle n'était pas une spécialiste. Zitouna est la première et unique radio religieuse en Tunisie, fondée sous l'ancien régime de Ben Ali, en 2007, par son gendre, Sakher El Materi, qui a pris la fuite avec sa famille le 14 janvier 2011.