Cinq mois sans salaire pour les travailleurs et 120 milliards de dinars de pertes sur le chiffre d'affaires de l'unité. L es travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda ont attendu, avant-hier, des heures durant, devant le portail de leur unité la venue de la commission d'enquête nationale, pour résoudre le conflit qui les oppose aux responsables de la laiterie. En dehors de la commission d'enquête locale, composée du directeur du commerce, des techniciens de la DCP (direction de la concurrence et des prix), du représentant de l'entreprise et de celui de la direction générale des entreprises (DGE), la commission mandatée par le ministre de l'Agriculture n'a pu se rendre à l'unité. Présent hier, M. Labatcha, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l'agroalimentaire, affiliée à l'UGTA, a déclaré à ce propos : «Il a été décidé de reporter la reprise du travail aux prochains jours, le temps de préparer un autre rendez-vous pour réunir les travailleurs avec la commission d'enquête nationale. La délégation ministérielle n'a pas pu venir en raison du blocage de la circulation sur la RN12, suite à l'attentat perpétré ce matin (avant-hier, ndlr) au niveau des Issers». Ainsi, les représentants des travailleurs maintiendront, selon leur porte-parole, la grève jusqu'à l'arrivée de cette commission nationale dont la mission portera sur le contrôle des engagements du repreneur sur la base du cahier des charges et le contrat de cession. Interrogé, un gréviste a déclaré : «Nous allons geler notre grève une seconde fois, lorsque les enquêteurs seront là pour leur permettre de procéder à l'inspection et de s'enquérir des conditions de travail que nous avons soulevées à travers notre plateforme de revendications.» Et d'ajouter : «La reprise effective dépendra des résultats de l'enquête. Nous cherchons juste à ce que la lumière soit faite sur les points que nous avions soulevés.» Contacté par téléphone, le PDG de l'ex-Onalait, M. Airad, a déclaré avoir répondu favorablement aux conditions posées comme préalables à la reprise du travail telles que l'arrêt des poursuites judiciaires à l'encontre de 39 ouvriers, l'annulation des décisions de licenciement. Par ailleurs, il est utile de rappeler que l'unité de Draâ Ben Khedda, qui emploie 380 ouvriers, a enregistré, depuis le début de la grève, le 9 octobre 2011, une perte sur le chiffre d'affaires évaluée à 120 milliards de centimes, selon le directeur. Les travailleurs n'ont pas perçu leurs salaires depuis 5 mois, ajoute-t-il. A la genèse de ce conflit, les travailleurs avaient comme seule revendication «la renationalisation de l'ex-Onalait», cédée en 2008 à un investisseur privé. Les grévistes avaient reproché au repreneur de l'unité «le non-respect du cahier des charges par le repreneur, l'accusant de mauvaise gestion et de détournement de la poudre de lait subventionnée par l'Etat». Les grévistes ont trouvé leur soutien chez des responsables politiques, comme la présidente du Parti des travailleurs qui s'est déplacée à DBK en octobre 2011. Mais aussi l'appui de la fédération du FFS de Tizi Ouzou. Face à l'impasse qui a frappé la médiation dirigée par l'APW de Tizi Ouzou et celle de l'UGTA, le PT et le FFS, qui soutiennent les travailleurs de la laiterie, ont appelé à l'intervention des pouvoirs publics en intercédant en faveur des travailleurs. Ils ont exigé, en outre, l'ouverture d'une enquête. Alors, la direction de la laiterie a accusé : «Cet arrêt de travail n'est pas justifié par des revendications à caractère social, mais c'est le résultat d'une manipulation extérieure à l'entreprise, fondée sur des arguments diffamatoires visant à remettre en cause la privatisation de la laiterie.» Et ce, après avoir publié un communiqué où elle rendait compte des performances, pour le moins «positives» de la gestion de l'usine. L'UGTA, après avoir fait un constat d'échec, le 9 janvier dernier, quant à sa tentative de résolution du conflit qui paralyse l'activité de la laiterie, un autre groupe de travailleurs a organisé un sit-in en janvier, devant le siège de l'union locale de l'UGTA, pour exprimer leur volonté à reprendre leur activité. Parmi les manifestants, des femmes et des hommes qui se sont dit «satisfaits des conditions de travail au sein de cette unité, cédée par la société Giplait à un privé en 2008, ainsi que de la performance réalisée par le propriétaire de la laiterie depuis 3 ans dépassant les prévisions consignées dans le cahier des charges».