Le député et membre du bureau national du RND, Seddik Chihab, commet une nouvelle dérive. Profitant d'un meeting populaire organisé, hier à Alger, pour célébrer le 15e anniversaire de la création du RND, un parti né et qui gravit vite les marches du pouvoir, il ose des comparaisons saugrenues et des attaques injustifiées contre le RCD. S'arrogeant les droits de la justice, seule autorité habilité à statuer sur l'égalité ou l'illégalité d'une formation politique, Seddik Chihab compare l'existence du parti de Saïd Sadi au FIS dissous. «L'agrément du FIS et du RCD est une grave dérive», lance-t-il, en soutenant que «la Constitution interdit la création de partis politiques sur la base de la religion ou de l'identité». Il prononce ainsi sa fetwa : «Ceux qui ont agréé ces deux partis (le FIS et le RCD) doivent rendre des comptes de leurs manœuvres.» Le RCD dérange-t-il le RND à ce point ? Seddik Chihab connaît-il un peu du parcours du RCD et son rôle durant la tragédie nationale ? Peu probable. En tout cas, les responsables du parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne sont pas à leur premier impair. En 2009, c'était le maire d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni, qui, à la tête d'un groupe de jeunes, s'était attaqué au siège national du RCD. Il n'a pas été inquiété par la justice. Seddik Chihab ne s'est pas limité à cela. Enfourchant son cheval usé mais préféré, «le nationalisme», le dirigeant du RND ouvre d'autres fronts. Jouant sur le vieil argument «de la menace étrangère qui guette l'Algérie», il s'attaque encore au MSP avec qui son parti s'est acoquiné sept ans durant : «Ceux qui veulent nous vendre le modèle turc se trompent lourdement. Ces gens veulent nous imposer un islam domestiqué conçu par les membres de l'OTAN pour leurs intérêts.» Empruntant quelques arguments à Louisa Hanoune, porte-parole du PT, Seddik Chihab dénonce «ces dirigeants islamistes qui auraient séjourné en Turquie, en Egypte ou au Qatar pour ramasser quelques dollars». «Ce sont des sous-traitants des étrangers qui veulent nuire à l'Algérie», estime-t-il. Poursuivant, Seddik Chihab s'attaque encore aux Tunisiens : «Avant, les Tunisiens travaillaient chez nous et maintenant, ils veulent nous donner des leçons.»