Rien n'a changé ! Les pratiques sont toujours les mêmes.» Les responsables des ligues des droits de l'homme en Algérie ne constatent aucune avancée en matière du respect des libertés, une année après l'annonce officielle de la levée de l'état d'urgence. «Les pratiques sont toujours les mêmes. Je crois que tout le monde est tombé dans le piège, car la levée de l'état d'urgence n'est pas suivie d'effet sur le terrain», lance Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH). Selon lui, la même culture et les mêmes comportements ayant prévalu avant l'annulation de cette situation et qui ont été longtemps dénoncés par les militants des droits de l'homme sont maintenus aujourd'hui. «L'exercice du droit syndical est toujours bafoué, la justice ne cherche toujours pas la vérité et les deux ligues indépendantes des droits de l'homme sont boudées par le pouvoir», déplore-t-il. Même son de cloche chez le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Mostefa Bouchachi. Ce dernier estime que le pouvoir a leurré l'opinion nationale et internationale à travers l'annonce de la levée de l'état d'urgence. «Pour la LADDH, cette annonce était juste une formalité. Mais elle n'est pas suivie d'effet. Les manifestations et les marches sont toujours interdites à Alger et à l'intérieur du pays. Les sit-in pacifiques sont réprimés», dénonce-t-il. Me Bouchachi rappelle, dans ce sens, que la LADDH a été interdite, depuis juin 2011, d'organiser des réunions dans des lieux publics. Sur le plan de la protection des droits humains, ajoute-t-il, «la justice ne fait également aucun effort pour défendre ce principe universel». L'ouverture du champ politique annoncée n'est, souligne encore notre interlocuteur, qu'«une tromperie». «Même l'agrément de nouveaux partis, dont l'opération a commencé, n'est pas fait dans le but d'une libéralisation de la vie politique. C'est, en réalité, une stratégie visant à tromper l'opinion internationale. Il n'y a aucune volonté de changement», souligne-t-il. Mostefa Bouchachi appuie ses déclarations en citant l'exemple des textes législatifs amendés dans le cadre des «réformes politiques». «Ces textes nous ramènent à l'époque du parti unique. Ils consacrent une véritable régression par rapport à ceux adoptés au début des années 1990. Ils sont aussi en décalage par rapport à ce qui se fait dans la région en matière de réformes depuis l'éclatement des révolutions arabes», note-t-il. Dans des déclarations faites juste après l'annonce de la levée de l'état d'urgence, le vieux routier de la lutte pour la défense des droits de l'homme, Ali Yahia Abdennour, affirme que «nous sommes passés de l'état d'urgence à l'état de siège».