La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a dressé hier un sombre tableau de la situation des droits de l'homme en Algérie. Les réformes engagées par les pouvoirs publics ne sont pour la LADDH que de «la poudre aux yeux». Le président de la LADDH, Mostefa Bouchachi, qui a animé hier une conférence de presse au siège de la Ligue après le rejet par l'administration de la demande de la tenue d'une conférence pour célébrer la Journée internationale des droits de l'Homme n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger le «pouvoir», responsable à ses yeux de la dégradation de la situation des droits et des liberté en Algérie. «Nous sommes arrivés à un point dangereux», commente Mostefa Bouchachi qui est revenu sur l'interdiction «de la conférence d'Alger» et d'autres interdictions essuyées par la LADDH, affirmant que le seul canal de communication qui lui reste demeure «la presse». «Nous n'ouvrons même pas droit à 100 m2 d'espace dans le plus vaste pays d'Afrique», a-t-il ironisé, avant de rappeler que la levée «formelle» de l'état d'urgence en février dernier n'est nullement concrétisée sur le terrain. Il en veut pour preuve l'interdiction des marches et des rassemblements. «Quand les responsables se comportent de cette façon, on est en droit de penser que nous ne sommes pas dans un Etat de droit», assène Bouchachi qui rappellera les épisodes de janvier dernier et les marches interdites «à Alger et ailleurs». Toujours pour étayer ses propos, le président de la LADDH évoquera la liberté de culte consacrée par la Constitution mais dénaturée par la loi de 2006, «ce qui donne une mauvaise image de l'Islam même», ou les péripéties vécues tout récemment par des immigrants africains renvoyés manu militari vers Tamanrasset, «une atteinte à la dignité humaine». Bouchachi qui réclamera l'ouverture d'une enquête sur la pratique de la torture soutiendra dans la foulée que cette dernière demeure «fréquente» en Algérie qui a pourtant ratifié toutes les conventions internationales, tout comme il soutiendra que la corruption reste un fléau qui a atteint «le sommet de l'Etat». «La législation en vigueur encourage la corruption», assènera-t-il, avant de déclarer en réponse aux affirmations du ministre de la Justice qu'«il n y a pas d'indépendance de la justice en Algérie. Le pouvoir a privatisé la justice qui devient ainsi un instrument du pouvoir». Les lois élaborées sont anticonstitutionnelles S'étalant sur les réformes politiques engagées par le chef de l'Etat, notamment les lois sur les partis, les associations et l'information, Mostefa Bouchachi ne voit aucune volonté des pouvoirs publics de mener des réformes profondes. Il s'élèvera ainsi contre l'article 4 de la loi sur les partis qui «empêche», selon lui, «une partie des Algériens d'exercer la politique». Pour Bouchachi qui est de par ses propos favorable au retour des ex-dirigeants du FIS, c'est la justice qui doit trancher ces cas, pas la loi sur les partis. Il estimera pour ce qui est de la loi sur l'information que les droits des journalistes sont bafoués. Il s'élèvera aussi contre certaines dispositions de la loi sur les associations et affirmera que les lois ainsi élaborées sont anticonstitutionnelles. «Le pouvoir doit assumer ses responsabilités, nous souhaitons qu'il revoie ses calculs», conclut Bouchachi.