Une mort annoncée, vite démentie. Décidément, ce genre de nouvelle concernant une personnalité d'envergure nationale, telle que celle qui fut le premier président de la République algérienne démocratique et populaire, n'a rien de surprenant tant l'opacité du système qui nous régit tous depuis l'indépendance est immense. D'autant que l'anniversaire du 24 février 1971 ne doit pas être gâché. Rappelons-nous le cas de celui qui avait présidé aux destinées de l'Algérie du 19 juin 1965 au 27 décembre 1978, le tombeur de Ben Bella, Houari Boumediène. Sa mort, comme sa maladie, sont restées tellement secrètes qu'il fallait bien trouver un subterfuge pour pouvoir l'annoncer au peuple. Sous d'autres cieux, une telle nouvelle serait passée comme telle au titre d'une actualité. Rappelons-nous cette fin d'année 1978. Officiellement, la mort du président du Conseil de la Révolution de 1965 à 1977, puis à partir de 1977, président de la République, est annoncée le 27 décembre. Auparavant, il était difficile, pour les décideurs, de se faire à l'idée de l'après-Boumediène. Le dilemme était immense d'autant que la course à la succession allait se faire sentir entre deux prétendants, Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, et Mohamed Salah Yahiaoui, patron du FLN. Cependant, Boumediène était mort cliniquement avant le 27 décembre, puisqu'il était dans le coma, victime officiellement de la maladie de Waldenström, une infection rare du sang, découverte par un chercheur suédois qui lui a donné son nom. Malade, Boumediène l'était depuis un voyage en Syrie en septembre de la même année. Il se plaignait de maux de tête récurrents. Pour beaucoup, il aurait été victime d'un empoisonnement par le Mossad, via le flash d'un appareil photo. Avec son état de santé qui ne s'améliorait pas, décision fut prise de le transporter jusqu'à Moscou pour des soins plus intensifs. L'Union soviétique est alors préférée à la France ou même à la Suisse pour des raisons d'ordre idéologique, bien évidemment, mais aussi parce que la discrétion y est de mise. Bien peu savent réellement les causes de cet ultime voyage du président à l'étranger. Les Algériens, eux, ignorent tout de la maladie encore que la nouvelle arrive, d'une façon diplomatique, par la bouche de Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, lors d'une visite à Baghdad : «Le Président a éprouvé le besoin de prendre du repos car il était complètement exténué.» Le retour s'effectue à Alger le 14 novembre, mais le 18, Boumediène plonge dans le coma. L'opacité totale est de mise dans l'hôpital Mustapha, comme ses derniers jours à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. Peu de nouvelles sortent. Toute une équipe médicale internationale est installée. En même temps des réunions secrètes se tiennent, auxquelles assistent les membres du Conseil de la Révolution, dont un certain Chadli Bendjedid. Le 24 novembre, Boumediène sort du coma. Petite lueur d'espoir, vite éteinte quatre jours après. Il ne se réveillera plus. Comme l'a avoué Jan Gosta Waldenström, le médecin chef de l'hôpital de Malmö, à Bouteflika : «Il n'y a rien à faire.» Boumediène rend l'âme le 27 décembre à 3h55 du matin. Les Algériens l'apprennent avec consternation, pour beaucoup. Peu connaissaient les circonstances exactes de la disparition de l'homme du 19 Juin. Peu de transparence donc, comme en ce mois de février 2012, concernant le «tombeur» du GPRA.