Les ministres de la Défense de l'Otan ont achevé hier dans la ville italienne de Taormina, en Sicile, une réunion informelle de deux jours à laquelle ont pris part leurs homologues de plusieurs pays de la rive sud de la Méditerranée, dont l'Algérie qui y est représentée par Abdelmalek Guenaizia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense. Cette réunion informelle portait sur la modernisation de l'alliance et de la relance du programme de coopération méditerranéen, lancé en 1994, et qui regroupe outre l'Algérie six pays de la rive sud de la Méditerranée. Relancé au sommet d'Istanbul de juin 2004, à la faveur du dialogue méditerranéen initié par l'alliance, le programme de coopération porte sur des questions d'intérêt commun, notamment la lutte contre le terrorisme, la prévention de la prolifération des armes de destruction massive ainsi que du trafic d'armes, de drogues et de personnes. Et comme le confirment la plupart des discours, elle a dû être adaptée au contexte actuel. « Le message que nous voulons faire passer, c'est la désescalade », a ainsi déclaré hier le ministre allemand de la Défense, Franz Josef Jung, à des journalistes. « Nous devons clairement montrer combien il est important d'avoir un dialogue entre cultures », a-t-il ajouté. Les manifestations de colère dans le monde musulman pour protester contre la récente publication en Europe de caricatures du Prophète (QSSS) Lse sont poursuivies malgré les appels au dialogue et à la raison. « Nous devons travailler à améliorer la perception de l'Otan » dans la région, a également fait valoir le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jaap de Hoop Scheffer. L'Otan, qui multiplie les relations de partenariat à travers le monde, cherche à nouer des liens de coopération plus étroits avec le monde arabo-musulman, mais se heurte aux réticences d'opinions publiques historiquement méfiantes à l'égard de l'alliance militaire occidentale dominée par les Etats-Unis. Elle a aussi établi des canaux de communication avec les Etats du Golfe et approché l'Arabie Saoudite. Comme s'il s'agissait d'un aveu d'échec, sinon que la guerre est loin de se terminer en Afghanistan, les ministres de l'Otan s'étaient déclarés résolus à poursuivre l'expansion de la présence de troupes de l'Alliance dans ce pays. La crise des caricatures a éclaté au moment où l'Otan prévoit d'étendre sa Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) dans les provinces du sud de l'Afghanistan où les poches de l'opposition armée se sont multipliées. Dans ce contexte, les ministres de l'Alliance ont mis en exergue la nécessité pour l'Otan d'avoir « les capacités de faire face » aux nouvelles menaces de sécurité d'où qu'elles surgissent, sans les définir pour autant. Autre première pour cette réunion, le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, s'est joint hier aux discussions pour parler de la coopération pratique au niveau militaire entre la Russie et l'Alliance, y compris en matière de lutte contre le terrorisme. Des navires de la marine russe doivent se joindre à l'opération antiterroriste « Active Endeavouré » (Engagement actif) lancée par l'Otan en mer Méditerranée après les attentats du 11 septembre 2001. Pour marquer le rapprochement, le secrétaire général de l'Otan avait prévu de monter à bord du croiseur russe le Moscou, amarré dans le port voisin de Messine, une première dans l'histoire de l'Alliance, selon des responsables. Quant à parler d'adhésion russe à l'Alliance, personne n'ose franchir le pas. Une simple coopération, le président Poutine avait envisagé une telle option, mais il a cessé d'en parler.