Près de 16 000 insuffisants rénaux en hémodialyse sont en attente d'une greffe. Encourager la transplantation et réduire la charge et l'emprisonnement dans l'hémodialyse des patients souffrant d'insuffisance rénale chronique sont les principaux messages lancés, hier, par le professeur Haddoum, chef du service de néphrologie de l'hôpital Parnet (Alger) et président de la Société algérienne de néphrologie, lors d'une rencontre avec les malades organisée à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du rein placée sous le thème «Don de rein, don de la vie». Pour lui, la transplantation est la meilleure thérapeutique qui a désormais atteint un haut niveau d'efficacité tout en étant freinée par le faible nombre de greffons disponibles pour les malades. C'est pourquoi, le Pr Haddoum a lancé un appel pour la sensibilisation sur le don afin de «mettre fin à la politique du tout-dialyse qui reste un véritable gouffre pour le Trésor public». Cette journée a été une occasion qui a permis particulièrement à des enfants transplantés, accompagnés de leurs parents – leurs donneurs de rein –, de s'exprimer sur leur maladie. Une trentaine de filles et de garçons, venus des différentes régions du pays, dont certains sont en attente d'une greffe, ont été hier à l'honneur. L'occasion leur a été également offerte pour dire tout le mal enduré par leurs parents et par eux-mêmes pour arriver à ce résultat, malgré le manque des moyens mis à la disposition des médecins. Ils n'ont pas manqué de relever toutes les difficultés rencontrées pour enfin accéder à des soins de haut niveau, à savoir la transplantation qui se fait de manière régulière uniquement dans la capitale, et se débarrasser ainsi définitivement de l'hémodialyse. Le manque de médicaments nécessaires pour éviter le rejet des greffons était le leitmotiv de tous ceux qui sont passés à la tribune. Des plaintes adressées directement au ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui avait effectué le déplacement. Le ministre n'a pas manqué, bien sûr, de s'engager à ramener ces médicaments en moins d'une semaine et de déclarer que la rupture de stock relève du passé. «54 milliards de dinars ont été débloqués par le gouvernement pour assurer l'approvisionnement en médicaments des hôpitaux», a-t-il précisé. Et de signaler que 27 milliards de dinars sont affectés à la PCH et les 27 autres reviennent au ministère de la Santé en cas de situation d'urgence. M. Ould Abbès a assuré également la mise en place d'un registre national des insuffisants rénaux et l'adoption par le gouvernement du décret portant création de l'agence nationale de biomédecine. Une institution qui permettra de développer la transplantation d'organes en Algérie et d'encourager les prélèvements sur cadavres. Une demande exprimée depuis plusieurs années par les spécialistes, qui estiment qu'il y a lieu de mettre d'abord en place des services spécialisés pour faire les prélèvements d'organes. «Dans le cas de mort cérébrale, il est important d'avoir les moyens de maintenir les organes et de procéder au prélèvement. Ce qui nécessite un vrai système de coordination, une équipe multidisciplinaire. On peut déjà commencer à faire ces prélèvements sur des malades en réanimation dans les hôpitaux avant de penser aux accidentés de la route», commente un néphrologue, qui insiste sur la prévention de l'insuffisance rénale, en l'occurrence chez les enfants atteints d'uropathie malformative, une des causes principales de l'insuffisance rénale. Laquelle pourrait pourtant être évitée. Pour le président de l'Association des donneurs d'organes, «les donneurs existent, mais où sont les structures pour faire les prélèvements ?», s'est-il interrogé à l'adresse du ministre de la Santé.