Avocat et militant des droits de l'homme en Algérie, Me Miloud Brahimi préconise la protection et la valorisation des droits de la femme par voie constitutionnelle. «Malheureusement je crois comprendre qu'on confie à la prochaine assemblée le soin de revoir la constitution. On prend un risque parce que la constitution sera à l'image de la prochaine assemblée nationale», a regretté Me.Miloud Brahimi qui était invité ce mercredi matin par la radio Chaine 3. En effet, Me.Brahimi qui était reçu par la commission Bensalah pour les réformes du président de la république avait souhaité que la révision de la constitution soit faite avant la loi électorale et celle sur les partis en vue d'établir un « socle constitutionnel », c'est à dire « une ligne rouge qui serait à l'abri du suffrage universel ». Est introduit dans ce socle constitutionnel l'égalité entre l'homme et la femme. «Il en a assez que la femme qui peut sur le plan public devenir président de la république, dans sa vie de tous les jours c'est une mineure», a-t-il dit. Bien entendu la proposition de Me Barahimi n'a pas eu d'échos sous prétexte que «l'assemblée actuelle a été mal élue », a-t-il rappelé. Toutefois, il se dit « pas convaincu que les gens qui représenteraient la future assemblée soient meilleurs que sont qui sont dans l'actuelle ». Abordant par ailleurs le système des quotas qui devra conféré à la femme plus de présence dans les assemblée, Me Brahimi met en garde que « la femme qui siégerait au sein des assemblées élues vont suivre les orientations des partis politiques auxquels elles appartiennent. Une femme élue de Hamas défendra la politique de Hamas y compris sur le code de la famille ». Pour la révision du code de la famille « Le code de la famille chez nous doit être revu, doit être améliorer pour que la femme devienne réellement l'égale de l'homme», estime Me Brahimi pour qui «le point nodal qui concerne les femmes chez nous comme partout ailleurs dans le monde arabo musulman c'est légalité parfaite des droits dans tous les domaines». Pourtant, selon lui, « les conditions actuellement ne sont pas encore réunies parce que l'accent n'est pas suffisamment mis sur ces droits là». «Il y a incontestablement beaucoup de choses à revoir dans le code de la famille. À la lecture du code de la famille on constate que la femme est encore un être mineur », dit-il. Selon lui, l'ijtihad a un rôle à jouer pour la libéralisation de la femme. «L'ijtihad est de mon point de vue tout à fait capable de contourner des règles qui avaient peut être leurs raisons d'être dans une histoire très ancienne. L'Islam avait apporté à la femme des droits qu'elle n'avait pas du tout. il a donner la ligne qu'il faut suivre et il faut compléter ces droits qu'il a donné à la femme en faisant des droits complets pour qu'elle devient dans tous les domaines l'égale de l'homme », explique-t-il. Selon l'avocat, il existe, en matière de droits de la femme, une certaine volonté politique mais sur le terrain les choses sont différentes. Les droits de la femme : le parent pauvre des révolutions arabes « Dans le printemps arabe dont on parle tant je n'ai pas vu les droits de la femme. C'est infiniment regrettable à la veille du 8 mars qu'au monde arabo musulman il soit question de tout sauf des droits de la femme », a déclaré Me Brahimi avant d'enchaîner « or, je suis de ceux qui pensent que cet univers est en retard et c'est un retard abyssal aussi parce qu'il a écarté, il a marginalisé plus que la moitié de sa population ». Prenant le cas de la Tunisie, Me Brahimi estime que les déclarations et les inquiétudes affichées par les femmes tunisiennes portent à croire que « les acquis extraordinaires de la femme tunisienne sont entrain d'être mis en cause ». « J'ai la conviction que l'une des raisons pour lesquelles le monde arabo musulman est en retard est dû à la condition qui est faite à la femme, c'est-à-dire à la moitié de la population. Comment voulez vous avancer avec une moitié de la population qui est minorisée, qui est marginalisée et qui n'a pas les mêmes droits que les hommes », s'est il interrogé. Les femmes représentent 52% de la population donc près de 20 millions d'algériennes.
«Je suis pour la laïcité » « Il m'était arrivé de dire que l'Algérie avait changé de société pour ne pas dire qu'elle avait changé de religion parce que je constate simplement que ce n'est pas l'Islam que m'ont appris mes parents. C'était un islam paisible, un islam tolérant, un islam qui n'avait pas un coté qui s'exprime par la violence », dit Me Brahimi au sujet de la religion, du moins telle perçue aujourd'hui. « Moi je suis pour la laïcité, mais les gens comprennent mal ce que signifie laïcité. La laïcité ça veut dire que la religion appartient à la sphère privée de l'individu et la religion n'a pas à inférer dans le fonctionnement de l'Etat », affirme-t-il en précisant que «la religion doit devenir la religion officielle de l'Etat, c'est-à-dire que l'Etat doit respecter tous ceux qui sur le plan de l'islamité de l'Algérie doit être préservé ». «C'est évident que les droits des femmes se régressent avec l'arrivée des courants islamistes dans la région. Cette idéologie se confère à une charia dans son aspect le plus conservateur pour ne pas dire rétrograde. Souvent c'est des phénomènes qui excluent toute forme d'ijtihad et c'est malheureux », constate-t-il.