A l'occasion de la Journée internationale de la femme, la Chaîne III a invité un vétéran des droits de l'Homme en Algérie pour parler des droits bafoués de plus de la moitié de la population. Miloud Brahimi, c'est de lui qu'il s'agit, est connu pour son franc-parler et pour ses positions tranchées concernant la question des droits de la personne, qu'elle soit homme ou femme. On se rappelle que l'ex-président de la Ligue des droits de l'Homme, fondée en 1987, n'est pas allé de main morte avec les responsables des tortures qui ont émaillé les événements d'octobre 1988.Hier, sur les ondes de la Chaîne III, l'avocat, spécialisé dans les affaires pénales, a tenu à rappeler, à ceux qui feignent l'amnésie, que le code de la famille amendé en 2005, quand bien même il a apporté certains correctifs, n'a pas rendu ses droits à la femme. C'est le cas pour la répudiation, le divorce, les femmes jetées à la rue ou encore la question de l'héritage. Me Brahimi a laissé entendre sur cette question que la charia pouvait être contournée par l'exégèse comme cela se fait pour les autres questions. Il a indiqué que la question de l'héritage qui ne donnait pas le droit à la femme à la même part que l'homme se justifiait à une certaine époque et non plus maintenant.Me Brahimi a beaucoup insisté sur le fait que le code la famille soit revu. «Mmes Hanoune et Toumi étaient avec moi dans la Ligue algérienne des droits de l'Homme, croyez-vous qu'elles aient besoin de tuteurs pour évoluer ?», s'est-il interrogé en référence à l'obligation faite à la femme d'avoir un tuteur pour conclure un mariage. Me Brahimi s'est fait l'avocat, déformation professionnelle oblige, de ce que les quotas de femmes soient également concrétisés à l'intérieur de l'administration algérienne. L'avocat ne manquera pas de saluer le fait que les femmes occupent plus de la moitié des postes, que ce soit dans la magistrature, l'enseignement ou d'autres secteurs. Pourtant, le code de la famille les maintient toujours dans un statut de mineures devant se soumettre aux conditions de ce texte infâme qui leur fait obligation pour rompre les liens du mariage de respecter certaines conditions.Me Brahimi s'est également exprimé sur la séparation de la religion du politique en dénonçant ceux qui font l'amalgame entre la laïcité et l'athéisme. Il se fera plus clair : «La laïcité n'a rien à voir avec l'athéisme. La laïcité c'est le respect de l'ensemble des religions que l'on ne doit pas mélanger avec la politique. La religion est une affaire strictement privée. L'Etat devrait instituer que la religion est prise en charge par lui et qu'en aucun cas elle ne devrait faire l'objet d'utilisation politique en garantissant à tout un chacun la liberté de conscience et de culte.»Par ailleurs, Me Brahimi a déploré que les réformes politiques n'aient pas été entamées d'abord et en premier lieu par la révision de la Constitution. Parce qu'il n'est pas sûr de ce que les résultats des prochaines élections aillent dans le sens de la modernité. «C'est vrai que l'actuelle assemblée est mal élue, mais elle a l'avantage de comprendre des gens biens.»Ceci dit, l'ex-président de la Ligue des droits de l'Homme se dit optimiste même s'il considère que les révolutions dans les pays voisins ont totalement occultés les droits des femmes dans les débats, comme en Tunisie où il y a risque de remise en cause d'acquis grandioses octroyés à la femme tunisienne par le président Bourguiba après l'indépendance de ce pays. F. A.