La cession d'un terrain à la cité les Sources de Bir Mourad Raïs n'a pas manqué de susciter l'ire des résidants. Et pour cause, le nouvel attributaire de la parcelle attenante aux immeubles, le bureau d'études de la wilaya (BEWA) en l'occurrence, prévoit d'en faire un parking. Cette affectation est loin d'être du goût des riverains visiblement remontés contre ce qu'il qualifie de « fait accompli ». Le 10 février, les habitants ont tenu un rassemblement à l'intérieur de leur cité. L'objectif assigné à l'action : réunir les locataires autour de la défense de cette cause. « Cette situation nous renseigne sur le peu de cas que font les institutions publiques des espaces verts d'autant que le terrain sur lequel a été construit le siège du BEWA est en litige. C'est aussi le cas du parking situé en bas de ce siège qui se trouve être la propriété d'un privé. C'est dire la situation regrettable dans laquelle s'est fourvoyée l'organe public », s'insurgent les protestataires. L'affaire en question remonte au jour où des agents du bureau sont venus planter des pieux délimitant ainsi l'espace réservé à la réalisation du futur parking. Le fait a « intrigué » les riverains qui « ont vite fait d'alerter la police de l'urbanisme. Celle-ci s'est déplacée sur le terrain et a procédé à l'établissement du constat d'usage », attestent ces mêmes riverains. Toute l'agitation ne date pas d'aujourd'hui. Le détournement d'espaces verts pour d'autres usages n'est pas chose rare dans le quartier, à en croire les résidants en colère. Leurs espaces verts se réduisent en une portion incongrue. « La cité a déjà connu de la part de l'ancien DEC de Bir Mourad Raïs une spoliation de grande échelle », indique-t-on dans le communiqué, sanctionnant le rassemblement de jeudi dernier. De plus, dans une lettre adressée au directeur de la police de l'urbanisme et de l'environnement, les protestataires, constitués en association, se sont levés contre la « spoliation dont est victime (leur) espace vert, réalisé grâce au volontariat des résidants ». Les griefs retenus ont trait à la décision du Cneru de vendre l'espace vert à Cosider. Et cela, ajoutent-ils, « au mépris de la loi et règlements en matière d'urbanisme et de protection de l'environnement ». Ils signalent également que la transaction s'est faite « sans que les autorités locales en soient avisées ». Par ailleurs, c'est le branle-bas de combat. D'emblée, Mme Kacer Aïcha, directrice générale du Groupe centre national des études et des recherches appliquées en urbanisme (Gcneru) (ex-CADAT) regrettera l'« empressement » des résidants. « Les habitants peuvent s'estimer heureux, puisqu'il y a dans leur cité un gâchis de terrain, et la densité est des plus faibles. Le périmètre peut recevoir d'autres équipements », affirme-t-elle. D'ailleurs, des bureaux verront le jour non loin de la grande rue, ajoute-t-elle. Notre interlocutrice soutiendra que la démarche de cession faite par son bureau est « légale » : l'assiette de terrain sur laquelle a été bâtie l'ensemble de la cité est la propriété du Cneru. Celle destinée à la réalisation du futur parking l'est aussi. Toujours, selon la responsable, le bureau d'études de la wilaya d'Alger (BEWA) a été « absorbé » récemment par le groupe Cosider. « Désargenté » pendant longtemps, le BEWA a exprimé, à en croire Mme Kacer, le souhait d'acquérir son acte de propriété et de régler son contentieux avec le Cneru. Chose acceptée et réalisée. Une parcelle de terrain de 960 m2 attenante au siège a été ainsi cédée, peut-on lire dans un document du Cneru. Une autre demande du BEWA veut dégager un périmètre de protection sans pour autant toucher aux accotements larges de 4 m comme prévu par la loi. Ce périmètre de protection à moins d'une dérogation spéciale ne doit en aucun cas « recevoir des constructions en dur, à l'exception d'abris légers », reprend Mme Kacer. Des réserves sont adjointes par le centre, à l'image de l'obligation faite aux acquéreurs de clôturer l'espace. Aussi, le bureau doit prendre en considération « l'existence d'arbres plantés sur site qui doivent être préservés et entretenus. Ils ne doivent faire l'objet d'aucun abattage sous quelque motif que ce soit », indique-t-on. Les résidants battent en brèche ces dires. Pour eux, le plan de masse de la cité délimite son assiette à près de 9 ha, alors qu'« aujourd'hui, il n'en reste que le tiers ». De son côté, la directrice commerciale à Cosider Promotion n'a pas voulu s'étaler sur le sujet. « Nous nous occupons des logements et pas d'autre chose », se limitera-t-elle de commenter. Les autorités locales, quant à elles, se sont confinées dans un silence qui en dit long sur leur embarras, sachant que les mis en cause sont des organes de l'Etat. Une source à la wilaya déléguée nous indiquera comme pour « dépassionner l'affaire » que des « mesures seront prises ». Les lois de la République seront respectées en matière d'urbanisme, et les services concernés « sauront sévir au moment opportun ». Notre source regrettera, en outre, les circonstances ayant entouré l'affaire. « Le relevé topographique n'a été effectué qu'en jours de week-end », affirme-t-on. Pourtant présent lors du rassemblement de vendredi, organisé dans l'enceinte de la cité, le P/Apc de Bir Mourad Raïs, qui aurait exprimé, aux dires des protestataires, son « soutien », n'a pas voulu s'exprimer lui aussi sur ce problème. « Il est en réunion », ne cesse-t-on de nous répéter au siège de la commune.