Ces sublimes paysages de Dame nature, quoique annonçant une année agricole très généreuse et des ressources hydriques débordantes, ne semblent pourtant point profiter à cette station climatique. Après plus d'un mois des premières chutes de neige, la station de Chréa, qui culmine à plus de 1525 m, demeure toujours drapée de son manteau blanc. Bonheur des uns, malheur des autres. Ces sublimes paysages de Dame nature, quoique annonçant une année agricole très généreuse et des ressources hydriques débordantes, ne semblent pourtant point profiter à cette station climatique qui devrait drainer un important flux de visiteurs à la recherche de quiétude et de dépaysement. Alors que le pic des touristes est souvent enregistré entre l'hiver et le printemps, la station climatique de Chréa, qui a pourtant le privilège d'abriter la première station de ski en Afrique (depuis les années 1920), est souvent fermée au large public à cause d'importants amoncellements de neige qui envahissent toutes les aires de stationnement ! Chréa, en dépit de sa vocation touristique, ne possède toujours pas de parking. Hormis les principaux axes qui constituent les arènes de cette localité, la plupart des accès restent quasiment bloqués sous d'épaisses couches de neige, atteignant par endroits plus de 1m50, aussi les enfants de Chréa éprouvent toutes les peines du monde à rejoindre l'école du village. Des véhicules sont encore ensevelis sous les couches de la poudreuse qui s'est solidifiée à cause des températures nocturnes, les accès vers les chalets sont toujours obstrués…et même les chemins dégagés ne permettent pas le passage de deux véhicules en même temps. Après sept jours d'isolation totale et plus d'un mois de retour à la normale, l'ambiance à la station climatique de Chréa est plutôt triste. Les autorités locales de la wilaya de Blida affichent «haut et fort» leur totale démission ! Le P/APC de Chréa a toujours évité de communiquer avec la presse. Tout le monde est d'accord pour dire que les autorités ont sous-estimé l'ampleur de la tempête. Les habitants de la commune de Chréa réclament au moins deux maisons cantonnières entre Blida et le pic du massif, et ce, afin d'agir efficacement lors de situation climatique exceptionnelle et en temps réel. Ils mettent à l'index la lourdeur et la lenteur des interventions des services des travaux publiques (STP). «N'était l'intervention des éléments de l'Armée nationale, on aurait passé beaucoup plus de temps pour désenclaver notre commune, où la neige a dépassé parfois les quatre mètres de hauteur», déclare un habitant de Chréa. Le matériel des STP est soit obsolète, soit insuffisant pour faire face aux situations d'urgence, soit il tombe en panne, comme cela a été le cas. L'APC de Chréa manque cruellement d'engins pouvant intervenir pour ouvrir les routes et axes fermés par la neige. A ce jour, l'accès au Centre des asthmatiques de Chréa est quasi impossible, vu le niveau de la poudreuse au niveau de la cour de l'établissement. Il est aussi impossible d'alimenter ce centre en gazoil afin de le chauffer. Les enfants, qui poursuivent leur scolarité dans cet établissement, sont restés presque un mois sans cours, avant d'être réorientés, exceptionnellement, vers un centre à Blida et qui relève du même secteur (ministère de la Solidarité). Téléphérique non fonctionnel et route impraticable L'autre point noir, ce sont les pannes prolongées qui affectent la ligne du téléphérique qui devrait, en principe, permettre de relier Blida à Chréa, à raison de 900 personnes par heure, sur un tronçon d'environ 7 km, et dans des conditions de confort par rapport au transport routier.Les arrêts prolongés de ce moyen de transport ont été préjudiciables sur les petits commerces à Chréa, qui ne sortent de leur léthargie qu'en hiver et au printemps. L'été, le flux des touristes décroît sensiblement en raison de la concurrence du tourisme balnéaire. Parmi les causes de cet arrêt figure notamment l'état «instable» du pylône n°11. Il s'agit de travaux effectués l'an dernier par les services hydrauliques afin de construire de retenues d'eau non loin de cette installation, ce qui n'a pas été sans conséquences négatives sur la sécurité du pylône suite à des glissements de terrain. «Transporter les gens par télécabine dans une situation pareille constitue un réel risque», nous a déclaré un responsable de l'établissement chargé du transport par télécabine. Et de poursuivre : «Nous avons, depuis le jour de l'incident, soit le 23 février 2011, attiré l'attention du wali de Blida et des autorités locales, en vain. Des experts ont exigé la construction d'un mur de soutènements pour éviter les glissements de terrain et consolider le pylône. Une année après, aucune autorité ne semble se soucier de ce grave problème». En dehors du téléphérique, il n'y a aucun autre moyen de transport public qui peut sortir Chréa de son isolement. Les clandestins, pas toujours disponibles, vous offrent leurs services à 100 DA l'aller, alors que les taxis taxent au minimum pas moins de 1000 DA le déplacement. «On ne peut pas proposer moins de cette somme, car nous risquons d'endommager nos véhicules à cause de l'état des routes», explique un chauffeur de taxi. Reste un seul chemin (RN 37) qui, au demeurant, reste très insuffisant pour drainer tout le flux de véhicules qui se ruent sur Chréa, lorsque cette route est ouverte les week-ends. Les chemins de Bouarfa et de Tabaïnet menant à la station climatique sont encore fermés. Chréa, la «dulcinée» des cimes de l'Atlas blidéen, souvent enveloppée sous d'épaisses couches de cumulonimbus, de flocons de neige papillonnants, embellie par ses cèdres ancestraux de l'Atlas, serait-elle plus à la portée et plus accessible aux humbles, à ses fans. La conscience et la responsabilité humaine doivent tirer les leçons qu'il faut de cette mésaventure climatique si exceptionnelle !